50° Salon des Beaux Arts - Vernissage
Samedi 21 novembre
Quelle vigueur ! Une parfaite illustration de la force de la transmission. Et du dynamisme qui règne à Coye-la-forêt. D’un préau d’école — sera-t-il encore là l’an prochain ? — à une salle d’exposition entièrement rénovée. D’un petit groupe de peintres amateurs à un Salon qui rassemble plus d’une vingtaine de professionnels reconnus, c’est un beau chemin. Pierre Vallod en est fier à juste titre, artisan infatigable, président de l’Association des Beaux Arts depuis 1998. En ce jour de vernissage, le Tout Coye-la-forêt a répondu à son invitation, ainsi que ses amis les peintres, venus de France et de Navarre. Monsieur le maire est là, de nombreux conseillers municipaux, les fidèles du Salon, les amis et tous les amateurs de peinture. Un public très nombreux, d’abord recueilli dans le silence pendant une minute en hommage aux victimes du 13 novembre.
Le temps des discours
Les mots ne manquent jamais à Pierre, satisfait de rappeler l’historique du Salon : sa naissance en 1966, en mairie de Coye, sous l’impulsion de Pierre Peyrard et de Raymond de Brébant, son développement sous la présidence de Suzanne Wolfer qui tint les rênes pendant 18 ans, puis celle de Michel Formentin qui eut l’initiative « d’ouvrir les portes à des invités d’honneur »1. A son tour, Pierre Vallod a repris le flambeau pour continuer avec persévérance et passion l’œuvre de ses prédécesseurs et pour transmettre aussi, bien sûr.
Ses remerciements sont nombreux, aux invités d’honneur bien sûr, aux municipalités successives, aux services techniques. Il salue la rénovation de la salle 2 qui accueille le Salon pour la première fois. Souriant, il regrette, en amateur de couleurs, l’uniforme blancheur des murs, et dit sa petite nostalgie des rideaux de scène de la salle Claude Domenech.
Une reconnaissance particulière pour les membres de l’association qui travaillent chaque année pour que perdure le Salon : d’abord Lucette Longa « participante de la Première heure », Eliane Cardon, Jean-Marie Delzenne, Michel Formentin, Président d’honneur, Jeanine et Jacky Gaillard, Jean-Bernard Hirgair qui a réalisé la maquette du catalogue, et Claude Gonse, le trésorier. Enfin Danielle, son épouse, à qui l’on doit notamment la remise à neuf complète de tous les panneaux.
François Deshayes dit cette fois-ci avoir préparé un discours, lui qui habituellement préfère le naturel de l’improvisation. En avant-propos, il place avec humour une courte leçon sur l’étymologie du nom « vernissage » donné à la cérémonie d’inauguration. Ce Salon, dit-il, est un événement incontournable à Coye — en 50 ans, 2 500 artistes 8 000 tableaux — qui s’ouvre à un public de plus en plus large, notamment au public scolaire. La remise des prix, celui de la municipalité entre autres, se veut un encouragement à créer. Il conclut en souhaitant à tous « un excellent Salon plein de plaisirs et de découvertes ».
La distribution des prix
C’est à Pierre Vallod qu’il revient de remettre les prix, un ouvrage sur la peinture qui matérialise la satisfaction d’être distingué parmi ses pairs.
Prix de la Municipalité : Jean Garcia, sculpteur. Originales créations très colorées d’un Coyen — un chat, un caméléon — à partir de matériaux de récupération, surtout plastiques.
Prix du Salon : Pierre de Michelis, pour « Cime ». Trois compositions à l’huile autour de branches et de feuillages de pins et d’oliviers.
Prix de peinture mixte : Jacqueline Gazonnois expose trois toiles qui créent un monde imaginaire souvent gris, argent et brun, où les contours se dissolvent dans une sorte de brume.
Prix du Jury : Mauricette Bao Palade, compositions mixtes « Murmure 1 et 2 », aime les surfaces larges de l’abstraction où règne la couleur.
Prix d’aquarelle : Alain Morel pour « Neurone », « Dépollution » et « Barrière dans le brouillard ». L’encre y joue avec l’aquarelle : « La fusion des couleurs et de l'eau pour susciter la curiosité et vous inviter au voyage… » écrit-il sur son site. Il vient de recevoir également un prix au Salon de Champagne.
Prix de peinture : Laurence Salingue expose trois toiles, à l’acrylique. Scène de rues, couleurs vives où dominent le brun et le rouge, silhouettes vues dans leur épaisseur : « Banc public », « Fashion week » et « Gospel ».
Prix de sculpture : Alain Guillotin pour quatre bronzes, lisses et puissants : « Cheval gagnant », « Méditerranéenne », « Signature, « Mes Formes ».
Les peintres
Les bavardages peuvent ensuite se donner libre cours, c’est le moment de rencontrer les peintres. Se Souvenir d’une belle rencontre en 2013 avec Jacqueline Durivault, sourire toujours épanoui, joli foulard à pois, parler aujourd’hui de « Séville » aux couleurs éclatantes. Faire plaisir au si discret Hervé Loilier en évoquant sa place de Venise, exposée en 2010, dont on a aimé les ocre rose, et qu’ont remplacé des « Sables d’or » d’un jaune si doux et lumineux. Découvrir Gabi Micheloni, jolie dans son tailleur noir près des colombes roses de « L’harmonie des espaces ». Près d’elle, Serge Micheloni, le peintre des natures mortes, que l’on devine plus rude et secret.
Dan Jacobson surprend dès l’entrée : sa girafe prend le métro à Vincennes et les pies sont à l’opéra. Maxi-réalisme, explique-t-il, la même école que Christian Broutin, absent, mais dont les deux toiles nous accrochent, « Troie » et « Embarcadère. Des bleus et des ciels d’orage saisissants.
On retrouve Serge Maury que l’on aime — sa 2CV avait fait parler d ‘elle — pour remarquer ses nouveaux bateaux à quai — encre et pierre noire. Amusant d’apprendre qu’il est une « légende du métro parisien », puisque c’est lui qui a créé en 1986 le fameux petit lapin qui prévient les enfants que leurs mains risquent gros aux fermetures de portes.
On discute avec Philippe Chaberty de ses aquarelles qui saisissent chevaux et cavaliers dans le mouvement. C’est au Musée du cheval qu’il les a longuement côtoyés en donnant des cours de dessin. Notre ami, Étienne Niederlender, est là bien sûr, avec une tendresse particulière pour son cimetière de péniches et le quai de Rouen où l’on décharge les grains. Il a déjà vendu une toile, La nouvelle Thève à Coye, larges touches vertes et bleues. José Requena est ravi, il a vendu « Le Printemps », joyeux brouillon de lignes vertes et orangées. Jin- Mei se ferait bien oublier, elle parle si peu, mais on a remarqué ses fleurs de Chine aux pétales fragiles. Strait, lui, ne passe pas inaperçu, grand escogriffe aux dreaslocks, souriant, la parole facile. Allons voir ses envolées de peinture oranges et rouges, « Braise », « Oxygénation »… Nous l’avions rencontré l’an dernier quand il était l’invité d’honneur du 49° Salon. Pierre Vallod, enfin, prend quelques minutes pour commenter ses bateaux. C’est un passionné de voile qui a navigué pendant vingt ans, affronté des tempêtes et vu bien des ports. Le mouvement des voiles et de la mer est dans tous ses tableaux. Arrêt sur image à La Rochelle, pour livrer quelques secrets de « Richelieu », le nom de la tour que chacun connaît dans ce port. Pour jouer avec ce nom, il dit avoir utilisé un « rouge cardinal » pour la voile, ourlée d’un blanc d’hermine ! Pierre aime bien s’amuser. Sans doute pour cela que, contre vents et marées, il a conduit le salon au port du 50° rugissant. Bon, un peu facile !
Allez, interrompons la promenade et filons vers le buffet joyeusement préparé et servi par Annick et Henri Sénèque, lequel a mis une belle cravate anis pour signifier que la couleur règnera pour une semaine au Centre culturel.
Dans coye29 : articles sur les Salons depuis 2010. Dans la galerie photos voir les cinq précédents Salons.
Note 1 : Discours de Pierre Vallod, in catalogue de l’exposition.
Double catalogue cette année, dont un en couleurs, consacré aux invités d’honneur.
Galerie Photos : 50° Salon des Beaux Arts - Vernissage
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