La migration des oiseaux invisibles
De Jean-Rock Gaudreault
Compagnie Ici Londres
Mise en scène : Jean-Marc Haloche
Quelques heures sur un cargo, ou quelques jours, à entendre les mouettes, le ressac et la corne de brume. Des containers pour décor. Parois d’acier sur lesquelles la mer grise se reflète. Parfois l’un d’eux s’ouvre, la nuit, pour devenir une cachette d’enfants. C’est l’histoire de deux enfants entre deux mondes. Ils ont perdu leurs noms, ils ont laissé leur famille, ou la famille les a laissés. Ils sont partis. Et la mer est pour l’instant le lieu de leur vie, un no man’s land qui les abrite.
Le plus assuré a choisi de s’appeler Sinbad pour l’écho que le mot laisse entendre. Résolument optimiste, bouillonnant de vie, décidé, il répète comme une formule rituelle les mots qui le font vivre : « Je salue le monde, je tourne le dos au malheur. » Rémi Goutalier en fait le Petit Prince des clandestins. La démarche alerte, confiante, le regard clair et lucide, il s’émerveille de tout, d’un bout de verre, d’un bout de papier. Clandestin dégourdi, il a appris à se cacher. Il connaît tout, sait lire et nager. Comme un frère aîné protecteur, il apprend à Rat d’eau les mots magiques qui rendent fort, il lui dit comment il faudra se tenir, sourire et parler dans le monde de là-bas.
Rat d’eau, c’est le capitaine du bateau qui l’appelle comme ça. Petit esclave terrorisé. Lui, ne connaît rien, il a juste appris la méfiance et la peur. Joffrey Roggeman devient cet enfant avec une sincérité émouvante. Tignasse raide ébouriffée, gestes gauches d’un corps maigre qui a vite grandi et ne se tient pas bien droit. Avec Sinbad pour mentor, un enseignant qui donne confiance, il devient pitre — mémorable séance de pseudo-crachats — même si le regard grave dit la souffrance du passé.
La réussite du spectacle est de faire de cette rencontre entre les enfants un moment hors du temps, hors du monde, sur l’île flottante du cargo. Entre ces containers géants, protégés des monstres, ils inventent le monde, ils jouent, sont acrobates, mimes, voire danseurs. Car ils trouvent belle l’aventure dans laquelle ils se lancent, chercher un ailleurs, un monde de liberté où les enfants peuvent aller à l’école. Le metteur en scène, Jean-Marc Haloche, a choisi de monter la pièce avec un regard optimiste. Comme Sindbad, il « tourne le dos au malheur » et donne aux deux excellents comédiens toute liberté pour exprimer le plaisir de vivre. Avec la musique de Denis Verdier — mélancolie du blues ou jazz plein d’entrain — on peut donc imaginer que l’aventure des deux Ulysse se poursuivra sur des terres accueillantes.
Mais la pièce a été écrite en 2008, et depuis, la mer n’a pas permis à tous de toucher la rive. Difficile de ne pas y penser.
Félicitations à la Compagnie Ici Londres qui a choisi ce très beau texte de Jean-Rock Gaudreault pour parler de la « migration » avec délicatesse, offrant aux enfants un spectacle de qualité, bouleversant et gai. C’est intéressant à vivre, une salle remplie de 250 enfants qui accueillent, attentifs, tant d’émotions, la joie des jeux de l’enfance comme la peur du danger, ou la force d’un espoir.
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Des CM1 présentent la pièce :
C’est l’histoire de deux garçons, Ulysse et Sinbad, qui étaient sur un bateau et qui faisaient semblant d’être invisibles.
C’est l’histoire où deux personnages vont changer de vie.
C’est l’histoire de deux enfants qui ne se connaissent pas et qui ne sont pas aimés par leurs parents, alors ils décident de quitter leur maison. Ils se cachent dans un bateau pour partir.
C’est l’histoire de deux enfants, Ulysse et Sinbad, qui avaient pris un bateau pour aller visiter ou vivre dans une autre ville.
Ce sont deux garçons, Ulysse et Sinbad. Il y avait un passager clandestin qui avait le pouvoir de devenir invisible mais quelqu’un le trouve et lui demande de lui apprendre des choses. Il lui apprendra les droits et les devoirs.
Ce qu’ils en ont pensé :
L’histoire m’a ennuyée mais j’ai trouvé ça rigolo.
Je n’ai pas aimé parce que je ne comprenais rien.
Je n’ai pas aimé car c’était un peu dur à comprendre.
J’ai compris qu’il voulait retrouver la terre ferme.
C’était bien, car un garçon jouait le rôle de quelqu’un de bête et cela me faisait rire. A la fin, ils voulaient recommencer leur vie à zéro.
C’était bien lorsque Ulysse faisait plein de bêtises et quand Sinbad a imité la fille et la personne âgée. Par contre, je n’ai pas aimé lorsqu’il n’y avait que deux comédiens.
J’ai compris qu’ils voulaient changer de pays car leurs mères ne les aimaient pas.
J’ai aimé quand ils ont fait la danse pour devenir invisibles, c’était drôle. Parfois je ne comprenais pas, alors ça m ‘ennuyait. J’ai compris que Sinbad aidait Ulysse à devenir gentil.