Voter pour papa ?
Dans ces périodes électorales, les médias deviennent des bouillons d’inculture. La tête prise par les tourbillons contradictoires de ventilateurs verbeux, les citoyennes et les citoyens en oublient leurs soucis et leurs peines pour ne se préoccuper que du sort des bouillantes personnalités qui défilent dans le kaléidoscope des écrans chamarrés. La peur du lendemain, les violences quotidiennes, la misère du chômage, les colères des injustices et les justes revendications sociales…
Tout peut s’oublier, se dissoudre, s’abstraire, emporté par le flot des phrases, l’accumulations des interviews, les flashs des spots des news, l’entremêlement des mails, des likes et des tweets. On a transformé la compétition électorale en un jeu de rôle, où tous les coups sont permis dans une atmosphère de virtuelle virtuosité. Une idée politique devient une prouesse d’acteur. C’est le plus cabot qui gagne. Les tricheurs restent aimables s’ils sont adroits et culottés. L’enjeu est la victoire sur les adversaires. A la fin des éliminatoires, au bout d’une exténuante course finale, il sera remis à l’heureux gagnant la coupe du monde de la politique française sous les hourras des supporters galvanisés par l’ivresse du combat. Ce système électoral détourne le votant de sa réflexion politique habituelle et personnelle. Elle le contraint à s’obnubiler sur le sort de sa famille politique pseudo-identifiante. On finit par ne s’attacher qu’à la couleur des maillots, des ballons et des drapeaux. L’hypertrophie du système électoral médiatique permet de bloquer l’expression démocratique. L’antique « Du pain et des jeux ! » est devenu « Des images et des jeux ! ». Le « système » se satisfait d’amuser les foules et préserve ainsi l’intime perversité de son fonctionnement. On y réveille l’enfant qui sommeille dans le cœur de chacune et de chacun. En fin de compte, on va tous voter pour papa.
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