Festival Théâtral de Coye-la-forêt ou Le 40e rugissant
Vendredi 11 septembre
Le 40e est enfin là, reporté de mai à septembre. Attendu, après un 39° d’abord reporté puis annulé, le Festival bout d’impatience et rugit du plaisir d’être à nouveau dans la salle Claude Domenech, pour la présentation de son programme. L’équipe technique de Franck Martin a mis en place projecteurs, écran, micro, la cabine de régie est allumée, le public est là avec passion et curiosité, il en gronderait presque d’impatience. Dans la salle remplie et bourdonnante, les programmes sont dans les mains prêts à être dépliés, retournés, repliés...
Le mot du président
Sur le plateau refait à neuf, doré à point, en chêne massif a précisé Franck, c’est Jean-François Gabillet, président de l’association, qui se charge du discours d’ouverture :
- Exceptionnel !, dit-il, 40 ans ! Ce Festival est exceptionnel par sa longévité, un cas presque unique en France, Avignon mis à part. Pour le fêter nous avons voulu un programme exceptionnel aussi, 33 représentations sur 3 semaines.
La billetterie s’est perfectionnée pour limiter les contacts, pour que tout puisse se faire en ligne : sur une seule feuille un QR code et la récapitulation de toutes vos réservations à imprimer ou télécharger sur portable. Des caisses seront ouvertes aussi pour ceux qui préfèreraient ne pas utiliser le numérique.
Exceptionnel aussi, le jour de clôture. Ce sera un dimanche après-midi avec « Cendrillon » dans une version cartoon, et échevelée... qui contentera toute la famille et tous les âges tant le spectacle réserve de surprises et de drôleries.
L’équipe de programmation
Sur scène, aux côtés de Jean-François, l'équipe de programmation, bien entraînée, sait son rôle : Isabelle Domenech, Sylvie Paligot-Grimal et Jean-Claude Grimal se chargent de stimuler le désir des spectateurs et d’orienter leurs choix, pour ceux qui ne pourraient tout voir. Cette année, se sont joints à eux deux comédiens metteurs en scène : Thierry Charpiot, bien connu à Coye-la-forêt comme comédien et professeur à l'école de théâtre de La Lucarne, ainsi que Laurent Domingos, qui s'est pris d'un tel engouement pour le village, après y avoir lui-même joué et mis en scène Britannicus en 2019, qu'il s'y est installé.
Que voir ?
Tant d’adjectifs ont ponctué la présentation — éblouissant, haletant, captivant, magique, onirique, poétique, sauvage, déjanté, intelligent, tragique, humoristique, échevelé. Des noms aussi : coup de cœur, humanité, épopée, gravité, humour, énergie, brio... que l’on quitte la salle un peu étourdi devant tant de promesses et que l’on se dit qu’il ne faudra rien manquer.
Mais si l’on doit choisir, comment choisir ? Se rappeler la présentation, relire le dépliant jaune, y faire des croix, donner des notes, entourer en rouge... Aller sur le site du Festival et regarder les photos... Par exemple, celles du comédien Nicolas Devort donnent bien envie de voir « Dans la peau de Cyrano »... en discuter entre amis, en famille... ou tirer à la courte paille...
Le Théâtre de La Lucarne
Si je dois choisir, mes applaudissements iront d’abord au Théâtre de La Lucarne qui présentera deux pièces, en ouverture et veille de clôture : « Le Marionnettiste de Lodz », de Gilles Ségal, et « La Veuve convoitée », de Victor Haïm d’après Goldoni.
J’applaudirai le Théâtre de La Lucarne et sa metteure en scène d’aujourd’hui, Isabelle Domenech, car justement c’est exceptionnel aussi, pour reprendre le mot de Jean-François, la troupe de la commune qui participe au Festival depuis quarante ans, qui met toute son énergie à produire chaque année deux nouvelles pièces. Coup de chapeau pour cette compagnie qui fut le socle théâtral sur lequel s’appuya le Festival à son origine en 1982, et qui est toujours là en 2021.
Un voyage
Avec « Le marionnettiste de Lodz » — Berlin en 1950 — nous commencerons un voyage de trois semaines pour une traversée de 21 spectacles. Rien de chronologique dans la succession des étapes, mais des sauts d’un siècle à l’autre, d’un pays à l’autre. « Candide » pourrait être un guide s’il ne nous exposait à des « péripéties rocambolesques »... Nous retrouverons notre cher XVIIe siècle, ses intrigues et ses costumes avec un magnifique « Aime comme Marquise ». Phèdre sera envoûtante et envoûtée, dominée par Vénus. « Cyrano » nous attend pour dire encore combien le théâtre nous transforme. Un « Quatrième mur » nous parlera de fraternité toujours possible. Nous rêverons comme un enfant en compagnie de « Grou » et nous jubilerons avec les audaces des « Irrévérencieux ». Nous aurons aussi le cœur serré, confrontés au tragique de celui qui « ... vole... » pour finir sa vie... Et nous passerons une heure trente, suffoquant dans le désert, emportés dans l’épopée de « Lawrence d’Arabie »... Impossible ici de citer toutes les escales, mais il est étourdissant de penser que cette traversée des époques, des continents, des œuvres, des créations ne durera que le temps de 21 soirées.
Ne manquez pas ce voyage exceptionnel.
En cette année de masques — non vénitiens—, de distances, de frilosité et de passe-partout, la soirée de présentation du programme nous parut presque austère. Point d’intermède imaginé par Jacques Bona avec l’humour que l’on connaît, point de buffet vers lequel se précipiter, point d’inauguration. Monsieur le Maire était souffrant (Sophie Descamps, première adjointe, a transmis ses bons vœux de réussite), Monsieur le député et Madame la conseillère régionale étaient absents.
Jean-François Gabillet a fait face avec le sourire et remercié les absents pour les aides que leurs administrations ont données au Festival, ainsi que les nombreux mécènes privés.
Qu’il soit aussi salué d’un coup de chapeau, Jean-François Gabillet ! Chapeau, capitaine, pour avoir tenu la barre, affronté les houles, fédéré l’équipage pendant 40 ans et conduit le Festival théâtral de Coye-la-forêt jusqu’à cet anniversaire. Coup de chapeau enfin aux plusieurs dizaines de bénévoles qui, depuis 40 ans, se sont relayés sans faille chaque année autour du théâtre. Ils ont permis à cette aventure d’être à nulle autre pareille. Elle n’est pas terminée...
PS : Pour montrer les « Ficelles du théâtre », et garder aussi un souvenir de l’anniversaire, La Monade Sagace, — société de production audiovisuelle installée à Gouvieux — a filmé toutes les répétitions de la pièce de Jon Fosse, « Le Fils », dont la réalisation a été coproduite par Le Festival théâtral de Coye-la-forêt, Calliope et Le Fil rouge. Ce court-métrage de Mathilde Gaillard et de Samuel Zbynovski fera suite à ceux qu’ils ont déjà réalisés sur le théâtre. Il sera projeté le 26 novembre en soirée au Centre culturel.
https://www.festivaltheatraldecoye.com/programme.php
http://www.lamonadesagace.fr/
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