Les Irrévérencieux
Écrit et mis en scène par Luca Franceschi
Samedi 2 octobre
Vous avez dit « Irrévérencieux» ?
Voilà une bande de comédiens qui ne manquent ni de talent ni d'enthousiasme et qui nous présentent un spectacle long, ennuyeux, vulgaire au point que des spectateurs quittent la salle : du rarement vu à Coye-la-Forêt car le public y est bien éduqué et il applaudit à la fin, même s'il n'a pas aimé. Mais quand au bout d'une demi-heure (et même sans doute avant, mais on n'ose pas bouger, par correction) on comprend que décidément il ne se passera rien, que toute cette gesticulation est vaine, l'envie vous prend de sortir et d'aller faire quelque chose de plus intéressant : se promener la nuit sous la pluie, rentrer finir un bon livre, voire regarder la télévision. Parfois au théâtre on s'ennuie et on s'endort (oui, oui, ça arrive, mais ne vous inquiétez pas, continuez, je ne veux déranger personne), parfois on n'aime pas le genre, parfois on ne partage pas les partis-pris du metteur en scène, mais dans tous les cas on reconnaît la qualité, parfois c'est raté et c'est dommage, mais ici ce n'est pas une question d'aimer ou pas aimer, c'est tout simplement que le spectacle est mauvais. Et ce n'est pas qu'on se moque de nous, il y a du travail, de la précision, des bons moments de musique ou de chorégraphie, mais voilà...
Malgré son titre, il n'y a rien d'irrévérencieux dans ce spectacle, ni dans le propos ni dans la prestation scénique. Esthétiquement, ça pourrait très bien passer à la télévision sans choquer personne. Quant au discours, il est convenu, explicatif, terre à terre (la société de consommation, tout ça, bon d'accord...), idéologiquement correct, bétonné, lourdingue. Ce n'est pas parce que le spectacle s'adresse à des enfants qu'il faut les prendre pour des débiles à qui il est nécessaire de tout expliquer. Pas l'ombre d'un brin de poésie, pas de magie, pas de surprise : tout est là devant nous, présent, montré, démontré, et rien ne nous permet de nous échapper vers la réflexion, le rêve, l'interrogation.
Les masques ne fonctionnent pas, ils restent inexpressifs, particulièrement celui de Pantalone dont on ne voit pas les yeux, les costumes sont sans grâce. Ça gesticule, c'est long, c'est long, ça n'en finit plus.
Ce n'était déjà pas très enthousiasmant de retrouver les mêmes comédiens avec le même metteur en scène que la veille – et de fait on reconnaîtra un certain nombre de procédés (les mêmes éclairages, les bruitages, la présence du chœur sur scène, les blocs de décors, etc.), quand un des plaisirs du festival c'est d'être tous les jours dans un nouvel univers, d'être constamment dépaysé. Mais là, nous sommes nombreux à avoir été sérieusement déçus. Comment se fait-il que le festival ait programmé ce spectacle ? Si irrévérencieux signifie audacieux, impertinent, irrespectueux, ou même choquant, nous n'y sommes pas. Il est vrai qu'irrévérencieux est également synonyme de grossier, sot, impoli, vulgaire.
Il est consternant de penser que certains enfants venaient pour la première fois au théâtre et qu'ils en emporteront cette vision longue et ennuyeuse.
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2 commentaires
Commentaire de: Veronique UZAN Visiteur
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Visiteur
Pardon, pardon, c’est un malentendu, le titre m’invitait à être irrévérencieuse mais en aucun cas je ne voulais offenser l’équipe du festival en qui j’ai grande confiance – et vous le savez bien, puisque depuis de très nombreuses années, je viens tous les soirs, sachant pertinemment que certains jours "ça" peut ne pas me plaire, mais qu’en aucun cas je ne serai déçue par la qualité de ce qui nous est présenté. Je réemploie ce petit mot "ça" qui pour moi est neutre mais qui vous a semblé péjoratif, presque injurieux et que vous avez fort mal ressenti, donc je vais demander au webmestre de corriger et remplacer "ça" par "ce spectacle" qui exprime pour moi exactement la même chose. Il est vrai que ce soir-là j’ai été déçue.
Quant au "on", il est neutre aussi, ce n’est pas tout le monde, bien sûr, mais quand même, c’est du monde… et si j’ose écrire, c’est parce que d’autres ont osé sortir, ce qui est une marque de protestation autrement plus forte que mes petits pronoms démonstratif et personnel.
Mon interrogation reste entière : je ne comprends pas que le festival ait inclus ce spectacle dans sa programmation. Pour moi c’est une erreur, mais tout le monde peut se tromper. Soyez assurés que ma confiance est inentamée.
Tout d’abord je voudrais saluer votre critique qui ose aller à l’encontre de la bienséance des articles que j’ai l’habitude de lire. Cet espace de liberté est fait pour cela et il faut s’en féliciter.
Je fais partie des spectateurs qui n’ont pas apprécié cette pièce mais certainement parce que j’attendais autre chose de la représentation, et que je n’ai pas su mettre de côté mes attentes et m’ouvrir au spectacle….. (cf, "l’effort d’être spectateur").
En revanche, je ne comprends pas l’emploi du "on" que vous employez puisque cela n’est que votre ressenti et en aucun celui de tous les spectateurs.
De plus ni la mise en scène ni l’équipe du festival ne méritent l’emploi dénigrant du "Ça" pour désigner la pièce, la programmation.