Catégories: "Tribunes Libres"
Dans la vaste forêt qui nous entoure, qu’est-ce que la mort d’un arbre ? Il en meurt tous les jours, mais voilà, cet arbre n’est pas une figure anonyme : Coye vient de perdre un genre d’empereur des bois de plus de trois siècles d’existence, avec cet énorme tronc de plus de huit mètres de circonférence.
Il était très accueillant notre chêne du carrefour du Bois Brandin, que l’on appelait familièrement « les trois frères », il permettait aux enfants de jouer avec lui et de grimper jusqu’à la fourche des trois branches. Là-haut, en sécurité, les pieds bien calés dans un creux, ils étaient les rois du monde !
Une photo de 1985, prise en hiver, le montre encore dans sa forte charpente. Mais le mal est à l’intérieur, il rongera les éléments les plus actifs de sa vie.
J’aime l’automne et ses premières feuilles d’or qui tombent en pluie sèche sur l’herbe des allées. J’aime ce que l’automne promet de lecture et d’écriture sur ses feuilles colorées que feuillette le vent nonchalant. Bavarde, chacune raconte sa petite vie agitée depuis les brises enthousiastes du printemps, jusqu’aux orages fougueux de l’été. Chacune nous parle de son passé. Mais chacune nous promet un avenir doré de soleil blanc d’hiver et de rouges flambées. J’aime l’automne, la rousse, vêtue de pampres pourpres, parée de vignes gourmandes et des tresses charnues de sa chevelure cuivrée. L’automne est une femme enceinte et rubiconde, grosse des récoltes engrangées, grâce aux serments tenus par la rose des vents.
Tombe la pluie, coule le temps, monte la haine. Le ciel rougeoyant se charge de vapeurs inflammables. L’incendie pourrait s’étendre à toute l’humanité. Les écrans médiatiques pleurent leurs couleurs en recensant les morts. La démocratie est en danger. Le commerce des armes ne s’est jamais aussi bien porté. Les mafieux du monde se frottent les mains. On a laissé tomber les vieux préceptes républicains. Qui voudrait encore de cette Liberté qui laisse les tueurs des rues massacrer les gens ? Qui parle encore d’Égalité devant les hordes de migrants imbus de culture machiste ? Et la Fraternité ? Comment être frère de ceux qui ne pensent qu’à laver le sang dans le sang ?
Ainsi la ville de Paris a décidé de fermer l'école et le pensionnat des Trois Châteaux dès la rentrée prochaine. Pourtant au fil des ans ces châteaux dont ils n'osaient même pas rêver ont pu devenir une réalité pour un certain nombre d'enfants perdus à qui tout espoir d'avenir semblait refusé. Nous avons donc dit combien cette décision nous paraissait consternante. On se console en pensant que si le domaine doit à l'avenir trouver une autre destination, dans tous les cas de figure il devrait rester dédié à une institution d'aide aux personnes en difficulté. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas à nous autres, Coyens, de choisir, entre trente-six misères, laquelle serait la mieux venue aux Trois Châteaux, quand cette décision est du ressort de la ville de Paris. Nous n'avons guère notre mot à dire dans cette affaire.
Pourtant dans La lettre de Coye-la-Forêt de juillet-août, notre maire dit clairement qu'il vaudrait mieux accueillir des enfants autistes que des réfugiés. Ah bon, pourquoi ?
Depuis toujours, les êtres humains ont pris un malin plaisir à couvrir la planète de pyramides. La gloire de leurs princes leur sert de prétexte pour ériger ces énormes édifices, tendus vers les nuages, aux angles tracés par les trouées de lumières célestes des jours d’orage. Elles sont autant de défis aux secrets des dieux. N’ont-elles pas chacune leurs précieux mystères, leurs énigmes gardées jalousement dans le silence des pierres ? Elles portent sur leurs flancs et sous le poids écrasant de leurs bases, le souvenir de leurs millions de victimes. Le vent, la pluie, y ont lavé le sang. La tour de Babel a enterré l’humanité sous l’incommunicabilité des langues humaines. Mais la pire des pyramides, la plus épouvantable, c’est la pyramide du silence.
Aujourd’hui, nous en sommes à soixante, soixante femmes bien françaises assassinées par leur compagnon ou ex-compagnon, eux aussi « bien de chez nous ». L’année 2017 semble fructueuse. Un groupe de jeunes femmes ont créé un observatoire sur Internet pour comptabiliser ce sombre bilan : « Féminicides par compagnons ou ex. ». Elles militent pour que ce crime soit repéré par la justice et la police comme un forfait particulier, à traiter et à juger spécifiquement. Ces assassinats apparaissent dans la presse locale comme des crimes « passionnels », des drames conjugaux, voire des accidents de la séparation. Mais il s’agit de féminicides.
Un refus viscéral du front national
J'ai voté Jean-Luc Mélenchon le 23 avril. J'ai aimé son enthousiasme à parler à ceux dont habituellement on ne s'occupe pas. Les gagne-petit, les mal logés, mal nourris, licenciés, chômeurs, petits retraités…. Dans ses mots il y avait un espoir.
Sur les panneaux électoraux, il nous reste aujourd’hui deux portraits. Une femme un homme.