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Législatives 2024 : Pourquoi je voterai pour le Nouveau Front Populaire

Posted by Jacqueline Chevallier on 28 Jun 2024 in Tribunes Libres
Législatives 2024 : Pourquoi je voterai pour le Nouveau Front Populaire

La constatation que le rassemblement national est majoritaire aux élections européennes et la perspective qu'il accède au gouvernement nous laisse atterrés, littéralement sans voix. Coye2 9 ne publie pas les résultats, ne les commente pas et n'ose parler de l'avenir. Que peut notre malheureux petit blog face aux rouleaux compresseurs des médias détenus par des milliardaires. À quoi bon ?
Pourtant il ne faudra jamais cesser de dire et de répéter que l'antisémitisme, le racisme à l'encontre des noirs ou des musulmans, la haine des étrangers, les discriminations de toutes sortes, liées à la religion, tout comme celles liées au sexe, au genre, aux orientations sexuelles, aux origines ethniques sont interdites par la loi ; ce ne sont pas des sentiments que l'on a le droit d'exprimer librement et ces interdictions sont la garantie de la paix sociale. On a du mal à croire que les valeurs républicaines universalistes pour lesquelles nos parents se sont battus et qui ont fait la grandeur de la France, on a du mal à croire qu'un parti prétendument "national " puisse aujourd'hui les abolir. Il ne faut pas oublier que le RN est le digne rejeton d'un parti, le Front national, fondé en 1972 notamment par Jean-Marie Le Pen et d' anciens Waffen-SS comme Pierre Bousquet et Léon Gaultier, des sympathisants néonazis et des nostalgiques de l'Algérie française. Le RN voudrait bien aujourd'hui qu'on oublie ses origines et qu'on le croie respectable. Mais en inscrivant dans son programme des mesures comme la préférence nationale ou la suppression du droit du sol (dont le principe constitutionnel date de la Révolution), l'extrême droite institue une inégalité naturelle entre les hommes qui est tout à fait contraire à nos valeurs. Et ses milices se tiennent en embuscade pour taper sur les noirs, les juifs, les arabes, les homosexuels et tous ceux qui sont différents. La xénophobie est un sentiment antifrançais , c'est un reniement de nos racines, c'est oublier qu'un tiers de nos compatriotes ont un lien direct avec l'immigration. Les migrations constituent notre richesse et notre beauté.

 

Législatives 2024 : Pourquoi je voterai pour le Nouveau Front Populaire

Le rassemblement national se prétend le défenseur des clases populaires : or il n'a pas l'intention par exemple de supprimer la réforme des retraites qui était pourtant très majoritairement désapprouvée par les salariés. Ce que nous réserve l'extrême droite, c'est la préservation des riches et des puissants et c'est pour le plus grand nombre des salaires de misère, des retraites minables, des relations de travail dégradées, des emplois précaires, du chômage non indemnisé et la guerre des pauvres contre les plus pauvres encore.
Les milliardaires eux (Bolloré et compagnie, et leurs serviteurs dans les médias qu'ils possèdent - CNews, C8, Europe 1, Valeurs actuelles...) savent très bien où sont leurs intérêts et ils les défendent. Pendant qu'ils font les yeux doux à l'extrême droite et présentent le rassemblement national comme inoffensif, ils s'acharnent à critiquer le nouveau front populaire et à le présenter comme le danger suprême. C'est le signe qu'ils ont peur. Ils ont raison. Seul le nouveau front populaire peut offrir la perspective d'un changement radical. Rappelons ce qu'était historiquement le front populaire de Léon Blum, la victoire de la gauche et sous la pression des ouvriers la conquête d'atouts majeurs en matière sociale, les congés payés et la réduction du temps de travail, bien sûr, mais aussi les droits syndicaux, le développement des services sociaux , des structures collectives, le souci de l'intérêt général. Il faut se souvenir que, face aux intérêts privés, le service public est le patrimoine de ceux qui n'en ont pas.
Pour faire barrage à l'extrême droite, une seule solution : voter massivement pour le nouveau front populaire.

Législatives 2024 : Pourquoi je voterai pour le Nouveau Front Populaire
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Législatives 2024 : Pourquoi je voterai pour E. Woerth ?

Posted by Claude Lebret on 28 Jun 2024 in Elections, Tribunes Libres
Législatives 2024 : Pourquoi je voterai pour E. Woerth ?

Après les élections européennes, ou le Rassemblement National (RN) a fait un score historique, Emmanuel MACRON a décidé, brutalement, de dissoudre l’Assemblée Nationale. Le calendrier est bien mal choisi avant les jeux olympiques. Même si la moitié des électeurs ont voté pour des listes populistes, ne nous trompons pas d’adversaire. Notre principal adversaire politique reste bien le RN. Même si le véritable grand rendez-vous sera l’élection présidentielle, Il nous faut, dans un premier temps, choisir le candidat le plus à même de battre le candidat RN (qui d’ailleurs n’habite pas la 4ème circonscription de l’Oise). Je pense qu’il faut, dans un deuxième temps mais rapidement, rechercher le meilleur rassembleur de la gauche pour 2027.
Pour le moment, il faut prendre ses responsabilités et même si je reste socialiste, je pense qu’Eric WOERTH me parait être celui qui peut barrer la route au RN dans notre circonscription car il a eu d’importantes responsabilités et est le plus connu. Au second tour, je voterais pour le candidat du Nouveau Front Populaire même si je ne suis pas en accord avec certaines propositions et l’outrance des propos de certains membres de LFI.
Pour l’instant, il faut dire à ceux qui pourraient voter RN que ce parti a voté contre la suppression fiscale du kérosène aérien, l’indexation des salaires sur l’inflation ou encore l’augmentation du SMIC. De plus, le programme prévoit de supprimer l’impôt sur la fortune immobilière et de permettre de défiscaliser les donations jusqu’à 100.000 euros tous les 10 ans (contre 15 ans à ce-jour) alors qu’il faut savoir que 81 % des donations et 87 % des successions sont inférieures ce montant. Les grands perdants seront, par conséquent, les plus fragiles.

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LE VENT SE LÈVE

Posted by Olivier Manceron on 21 Jun 2024 in Tribunes Libres
LE VENT SE LÈVE

Le vent soufflait déjà pas mal. Il avait pris l’habitude de rentrer par une oreille et de sortir par l’autre. Cela avait pour effet de chauffer les esprits plus que de laisser aux gens la tête froide. Le vent se contentait de secouer les futaies en forêt pour en peigner les vieilles branches inutiles. Mais à part quelques volets mal attachés qui battaient d’innocentes façades, le vent n’avait pas encore fait scandale. Est-ce à cause des considérations climatiques de nos chers météorologistes atterrés ou des jeux désespérés des grands martinets noirs rasant les pelouses, nous levons maintenant les yeux et regardons les nuées avec angoisse. Abandonnant leurs pas lourds de transhumance maritime, les nuages poisseux se roulent les uns contre les autres. Leurs énormes ventres gris dévorent les dernières charpies de bleu du ciel et leurs grondements de satisfaction ressemblent déjà au tonnerre. « Le vent se lève » m’a dit ma vieille voisine en fermant sa porte, « Et ça n’annonce rien de bon. » Une sorte de moiteur charge l’air d’une sueur malsaine. Les commentaires inquiets diffusent la peur des écrans tremblotants. Les cartes de l’hexagone se colorent du rouge sang des alarmes du dernier degré. On fronce les sourcils. L’anxiété replie les gens dans leur cuisine. Ils n’osent plus regarder par la vitre. Le vent est en colère. Furieux, il bat la campagne, frappe les toits des villages et fait vaciller les tours illuminées des cités modernes. Il tape à chaque porte comme pour prévenir d’un grand malheur. On déplore de véritables tornades en Normandie, dans les Hauts de France et en Alsace. La foudre bombarde les plaines et fusille un à un les plus grands chênes. Tel un cyclone tropical, le vent vomit des torrents de pluie sur la mer, flagelle d’embruns le dos des collines, sape les pieds des falaises, tourbillonne de rage sur les toitures et les façades vernies, étincelantes de foudre. Le vent, le grand vent, se dresse furieux et nos cœurs tremblent. L’obscurité s’assombrit d’obscurantisme. Les bouches coassent des slogans incompréhensibles. Les mots ont perdu leurs sens. Ils s’envolent sous les bourrasques en feuilles blanches virevoltantes telles des mouettes éperdues dans la tempête. Les discours bourdonnent en sourdine derrière les tambours enragés des orages. La nature a abandonné l’humanité à son triste sort. La nuit des temps tombe sur notre avenir.

 

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Vie

Posted by La rédaction on 13 Jun 2024 in Festival théâtral
Vie

De et avec Emilie Chevrier/Renaud Dupré
Cie Philomène et Cie

Les enfants attendent, sages, sous l’œil de leurs enseignants. Plusieurs viennent au théâtre pour la première fois, et ils se demandent sans doute ce qui va se passer face à eux et dans l’ombre… Minutes précieuses… Attentifs, silencieux… ils regardent. VieC’est toujours émouvant de voir une salle de spectacle remplie d’enfants. Je suis au dernier rang, et j’ai à côté de moi un petit bonhomme de trois ou quatre ans. Il ne voit rien, se penche à droite et à gauche de la silhouette d’une grande devant lui. Je lui demande s’il veut venir sur mes genoux, et hop le voici surélevé, il domine tout le monde, et bien à l’aise, content, il va profiter de ce qui se produira.

C’est une belle fable que les enfants écoutent, dite par un grand-père dont seule la voix s’entend, grave et lente, comme celle des grands-pères. Il raconte à sa petite fille ce qui est le plus précieux, et le plus fragile, la vie. Et on la voit sur scène la vie, grâce à une scénographie inventive qui fait voler la chouette face à nous, ainsi que des nuées de mouettes, on voit la pluie qui tombe, ruisselle partout, l’eau qui monte et inonde, les nuages poussés par la tempête. VieJe ne suis pas toujours très rassurée, j’entends quelques pleurs dans la salle. Heureusement le petit bonhomme sur mes genoux affronte les intempéries avec courage. Ouf ! Sur scène, aussi courageuse que lui, il y a la petite fille, très vive et dégourdie, qui construit sa cabane, replante des fleurs, utilise des objets laissés pour compte et fait face à tout.

Le message est clair pour nous qui savons les ravages infligés à la planète et leurs conséquences, inondations dans le Nord, canicule meurtrière en Inde… Je serais curieuse de voir comment les enfants ont reçu la leçon du grand-père. Manifestement certains ont été effrayés par l’ouragan destructeur, par l’inondation menaçante. Faut-il leur montrer dès quatre ans ce qui les menace et dont sont responsables leurs parents, grands-parents et arrière-grands parents…? Faut-il leur laisser si tôt porter un tel poids ? J’attendrais un peu…

Vie

Ces considérations n’enlèvent rien à la qualité du spectacle, à son esthétique et à la présence dynamique, chaleureuse de la comédienne, qui sait qu’elle joue pour des petits, ainsi qu’au message délivré par le grand-père et que leurs enseignants expliqueront… lors d’une sortie en forêt par exemple.

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Tous les poètes habitent Valparaiso

Posted by Ghislaine Antonin-Bockhoff on 08 Jun 2024 in Festival théâtral
Tous les poètes habitent Valparaiso

de Carine Courajoud
Mise en scène : Dorian Rossel
Cie Super Trop Top

Je n'ai guère été passionnée par la pièce dont j’ai parfois eu du mal à suivre le fil conducteur.
Tous les poètes habitent ValparaisoNéanmoins, le thème choisi, la poésie et la transmission du Poème à travers les temps et les pays est intéressant. S’y greffe l’engagement politique avec la tragédie chilienne. Ambitieux de transposer ce puzzle et de jouer tous ces rôles parfois en plusieurs langues.
Bref, il ya du travail, de la réflexion, un peu trop peut-être.
Des trouvailles aussi dans la scénographie. Le plastique mural qui devient sculpture… mais des planches un peu encombrantes.

Tous les poètes habitent ValparaisoUne construction subtile de mises en abîme entraine le spectateur dans une réflexion sur la pérennité de la Poésie et sur la transmission du Poème à travers tous les temps et tous les pays.
La quête de Juan Luis Martinez, poète chilien qui, curieusement, revit en Suisse (est-ce le même ou un autre ?), sert de fil conducteur à cette pièce « éclatée » où se greffe un rappel de la tragédie chilienne.
Les trois comédiens endossent avec bonheur plusieurs rôles en différents lieux et époques. Les vers du poète engagé, clamés en plusieurs langues, nous invitent, à l’instar du peuple chilien à résister à « ne jamais baisser les yeux ».

Tous les poètes habitent Valparaiso

A noter de belles trouvailles en scénographie : Des planches (indispensables pour un comédien !) servent à construire ou déconstruire des lieux, à encadrer des portraits vivants… Un plastique ondulant et omniprésent devient par magie une belle statue murale en fin de spectacle.

Tous les poètes habitent Valparaiso


Bravo!

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JE VOUS PROMETS QU’HIER SERA BEAU

Posted by La rédaction on 08 Jun 2024 in Festival théâtral
JE VOUS PROMETS QU’HIER SERA BEAU

De Christian Philipps
Mise en scène : Isabelle Domenech
Cie Théâtre de La Lucarne


Le Festival a bien choisi de clore le programme par la maison de retraite, c'est logique en quelque sorte. Le commencer aurait jeté un froid. Comme le public est largement composé de personnes à cheveux blancs (ou teints), on leur faisait comprendre par un spectacle, c'est plus gai, ce qui les attendait à plus ou moins longue échéance. On les avait déjà préparées avec une pièce dont le sujet principal était « comment transporter un cercueil en Y ».
On voit ainsi les attentions du Festival pour son public le plus fidèle.

C'est le Théâtre de La Lucarne qui a accepté d’assumer cette mission avec une pièce de Christian Philipps : « Je vous promets qu'hier sera beau ». L’auteur était d’ailleurs dans la salle.
Curieux titre quand même, il aurait été plus juste de dire hier a été beau quelquefois et demain ne le sera pas. Mais l'auteur a suffisamment d'imagination pour nous faire croire ce qu'il veut.

JE VOUS PROMETS QU’HIER SERA BEAULa maison de retraite vue par La Lucarne est un peu tristounette, comme elles le sont souvent. En fond de scène comme décor il y a deux fauteuils roulants pour des moribonds, muets, immobiles qui par décence nous tournent le dos. On les a placés devant un écran pour faire semblant de les occuper. On sait que les écrans ont l’avantage d’hypnotiser les enfants, ils ont le même effet sur leurs grands-parents ou arrière-grands parents… Et dans les maisons de retraite ils sont d’un grand secours pour le personnel.

Dans cet univers statique, il y a des acteurs qui bougent quand même, soit avec un déambulateur (Claudine Deraedt est très agile et ravie de circuler), soit à pas de souris, comme Pierre Debert, un monsieur comme il faut qui sait bien radoter et lire la même heure toute la journée. Ou encore une visiteuse, Isabelle Jacquet, qui arrive joyeuse et vive pour voir son papa toujours prostré à la même place, Dominique Collignon, bougon à souhait. Elle se dit très occupée, et repart aussi vite. On la comprend.
Une aide soignante (souriante comme Alma Kumer), une infirmière du genre austère (Cécile Micas) et un médecin radoteur (Philippe Lefay) passent de temps en temps, c'est leur métier. Ils sont là pour dire des banalités et rassurer.
Alors il ne se passe rien ? Ben non… comme dans les maisons de retraite où l’on n’a qu’une chose à faire, c’est de laisser le temps passer.

Et pourtant, une nouvelle résidente vient d'arriver, pimpante, drôle, causante (Claude Samsoën nous épate). On se demande d'ailleurs ce qu'elle fait là, pleine de santé et pas vieille du tout...
C'est par elle que l'action commence. Elle bouleverse l'ordre établi et, grâce à elle, la romance commence... Par discrétion je ne vous dirai pas laquelle.
Elle nous amuse beaucoup, on reprend vie. Ouf! Tout n'est pas désespéré.

La troupe s'est bien tirée d'affaire dans la maison de retraite, le public a évité la dépression, s'est amusé et n'a pas ménagé ses applaudissements. Une joyeuse fin de festival.

JE VOUS PROMETS QU’HIER SERA BEAU
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LE MENSONGE

Posted by Marie Louise on 06 Jun 2024 in Festival théâtral
LE MENSONGE

D’après le livre de C. Grive et F. Bertrand
Chorégraphie : Catherine Dreyfus
Act2 Cie

Spectacle programmé "pour les enfants" mais recommandé aussi aux adultes. Ces derniers n'étaient qu'une dizaine à côté d'une mer d'enfants et ont eu le privilège rare de retourner en arrière, quand ils avaient sept ans.

LE MENSONGEIl était une fois une petite fille qui aimait écouter des histoires seule dans sa chambre ou se les raconter. Elle rejoignait ses parents pour les repas. Ils aimaient l'ordre, la maison bien rangée, tout est tiré au cordeau, il faut se laver les mains, il faut mettre un manteau pour sortir. Parfois c'est pesant. Alors un jour la petite fille ose rompre les règles et s'aventurer dans le mensonge... Sa vie, comme celle de sa famille, en est transformée. Tout bascule dans un univers étrange, car le mensonge se gonfle et devient « énaurme ».

Sur scène ils sont trois et nous enchantent, deux danseurs et une acrobate. Ils ne parlent pas mais ils dansent, ils racontent avec le mouvement, les courbes du corps et les gestes. Les acrobaties, les pirouettes, les sauts de la "petite fille" ont l'audace de l'enfance.

LE MENSONGE


Visuellement, sans même prendre en compte le scénario, on est conquis. Tout est beau, le décor – avec angles et lignes droites – disparaît et reparaît comme par magie. Sur le noir du fond de scène, les rondeurs des petites balles rouges roulent çà et là, puis de gros ballons rouges descendent des cintres.

LE MENSONGE

En quittant le théâtre un enseignant a dit, semblant le regretter un peu : « Mais… il n’y a pas de paroles ». Certes il n’y a pas de mots, mais il y a les gestes, la danse, les péripéties des cabrioles, les audaces de l’acrobate. Ils suffisent pour que l’on quitte la salle heureux de l’aventure et des émotions partagées.

 

LE MENSONGE
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L’Échappée, Lettre ouverte au Festival

Posted by Marie Louise on 06 Jun 2024 in Festival théâtral
L’Échappée, Lettre ouverte au Festival

"Mortel", c'est le premier mot qui m'est venu à l'esprit en quittant mon siège ce soir.
Que le temps fut long dans ce fauteuil rouge ...

Mais qu'est-ce qui vous a pris de nous infliger une pareille soirée, d'un ennui profond et interminable, plus d'une heure pour nous parler d'un cercueil en bois massif que Philémon a fait réaliser par un menuisier et pour lequel il cherche un véhicule ad hoc, et de Patrick qui a un cancer et qui aime réparer les camionnettes, et qui est tout content d'avoir acheté ce cercueil en bois, à deux jambes, dans une pose indécente, qu'il va pouvoir faire rentrer dans un corbillard restauré. Mais quelle histoire...

Comme cela ne finissait pas et que manifestement Philémon était content de faire durer le plaisir (l'Origine du monde nous a bien occupés heureusement, comme Magritte, tous les deux pour nous dire attention ce soir on parle de l'Art, et pas seulement d'un cercueil et d'un corbillard), comme cela ne finissait pas, disais-je, j'ai repensé à tous les cercueils que j'avais vus, suivis, choisis… Trop nombreux pour être comptés, pendant une nuit d’insomnie peut-être… la famille, les amis, les collègues, les connaissances. Pourquoi moi, avais-je survécu à cette hécatombe ?

Cette année, vous nous avez gâtés au Festival, on a eu le choix : une jeune fille abattue, une autre, autiste, qui a perdu sa mère, qui tue son voisin et qui finira ses jours internée en psychiatrie, un pêcheur qui rencontre un suicidaire, un séjour en maison de retraite et enfin cette histoire farfelue de cercueil. Le tableau est complet – heureusement il y a eu des moments de grâce et de joie.
Comme ce soir, après spectacle, je ne pouvais écrire pour coye29.com une seule phrase sur Philémon (ce que je fais pourtant), j'ai pensé à vous et j'ai eu envie de vous écrire. D'abord pour contester. Surtout pour contester. Puis je me dis que vous avez passé un an pour faire ce 43e Festival, que vous vous êtes battus pour les subventions, que vous avez vu des centaines de spectacles, que j'ai vécu des moments forts et passionnants grâce à vos choix, et je veux vous en remercier.
Quelle joie d’avoir du théâtre à sa porte pendant trois semaines à côté de chez soi... Alors on peut bien passer sur une heure d’ennui.
……

L’Échappée, Lettre ouverte au FestivalQuelques jours ont suivi, et j’ai repensé à l’Échappée… J’ai l’esprit lent… Il fallait que je trouve une réponse à l’énigme. Car il y en avait une, c’est sûr. Et brusquement, une révélation sur l’Origine du monde – projetée sur écran durant un temps interminable. Je n’avais pas vu sa raison d’être là ni ce que je pouvais en faire. Et tout à coup j’ai vu.
J’ai vu les jambes magnifiques, ouvertes de celle dont on ne voit pas le visage et j’ai vu le cercueil aux jambes ouvertes lui aussi.
J’ai vu le cercueil (de Magritte) sur le lit de repos de Madame Récamier.
Et j’ai enfin compris l’accouplement sur scène des deux cercueils en bois, avec bruitage… Un résumé de la vie, on est conçu et on meurt. Ce qui est possible aussi, c’est que Philémon veuille vraiment pour lui-même ce cercueil à jambes écartées afin d’être prêt à saisir l’occasion de recevoir entre elles celui d’une femme superbe, morte ? On ne sait si le plaisir viendra…

Après quelques jours, on s’amuse un peu ….

L’Échappée, Lettre ouverte au Festival
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L’HOMME ET LE PȆCHEUR

Posted by Marie Louise on 03 Jun 2024 in Festival théâtral
L’HOMME ET LE PȆCHEUR

De Jean-Marc Castella, Ciro Cesarano et Fabio Gorgolini
Par Ciro Cesarano et Paolo Crocco
Cie Teatro Picaro

Faire un tour aux étangs, ça fait du bien, on peut méditer... L'eau, les canards, le silence...

L’HOMME ET LE PȆCHEURMais, curieuse rencontre ce jeudi. Un pêcheur sur un ponton, figé dans sa posture de guetteur de poissons et à côté de lui un bonhomme agité qui se démène avec une corde passée autour du cou et une pierre qu'il peine à soulever.
Vu le costume du plus grand – Paolo Crocco, beau, élancé dans un habit noir, impassible et raide sur le tabouret de pêche – et vu les hésitations du plus petit, Ciro Cesarano, qui regarde l’eau de l’étang à ses pieds en tenue négligée du travailleur moyen, je me dis qu'il n'y a rien à craindre et que cette mise en scène n'annonce rien de tragique.

L’HOMME ET LE PȆCHEUREffectivement, c'était pour de faux, la noyade.
Car avant d'être mort, on affronte la vie et toutes les occasions dangereuses où la mort nous regarde, une chasse ou une tempête en mer, un coup de fusil ou un naufrage. Et les situations les plus variées défilent devant nous sur le ponton, telles que les projettent les rêves ou l’imagination des deux hommes. Le scénario est rythmé, à chaque pas on risque le pire quand le vent de la tempête fait claquer les voiles du radeau ou que la meute des chiens de chasse nous cerne. Savions-nous que vivre est dangereux ? Les comédiens puissants, présents, expressifs, convaincants nous entraînent dans la folle aventure de la vie.

L’HOMME ET LE PȆCHEURUne soirée burlesque, rieuse, qui agite par l'absurde et la comédie les grandes questions qui nous traversent – à quoi sert la vie, est ce que j'ai une âme, est-ce qu'un dieu, et lequel, me sauvera de la mort, où irai-je après la mort ?
La pièce propose des options… Résister, s’enfuir, se jeter dans l’étang… Mais d’abord se réjouir d'être là ensemble au théâtre pour vivre un moment joyeux avec un texte drôle et vif, riche en jeux de langage, porté par des comédiens-clowns qui viennent d'Italie avec dans leurs bagages la commedia dell’ arte et Carlo Boso.
Dans ces conditions comment ne pas trouver que la vie est belle ?

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L’ÉCHAPPÉE

Posted by Catherine Jarige on 03 Jun 2024 in Festival théâtral
L’ÉCHAPPÉE

de et avec Philémon Vanorlé
Assistante mise en scène : Marine Fontaine
Compagnie Société Volatile

Spectacle performance en 2 volets

Un mot en guise de faire part

Qu’est-ce qui pousse Philémon – tout à la fois auteur, acteur, artiste contemporain, victime de sa créature et père de famille – à concevoir l’impossible cercueil en Y ?
Qu’est-ce qui motive Patrick retraité actif, surtout dans la collection d’utilitaires restaurés – à l’acquérir sur le Bon coin (tous droits réservés) ?
Non mais, qui est le psychopompe dans cette histoire ? Philémon ? Patrick ? Le cercueil provocateur lui-même ?

Cercueil, tu fais le buzz, te voilà même un mème, puis un rêve de funérailles majestueuses pour Patrick! Tu as commencé Oeuvre en 2014, continué truc encombrant puis explosé en multiples avatars et flots de discours et d’interprétations. Finalement tu reviens à la case départ, sauf que nous voilà en train de parler de toi : c’est une nouvelle vie grâce au théâtre…Tu nous en mets plein la vue.
Une vraie odyssée. Se poursuivra-t-elle après la mort de tous les protagonistes? Mais non, elle finira, comme tout ce qui est humain, dans la poussière et l’oubli.
En attendant, réfléchissons à bien réussir notre sortie.

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Vanitas vanitatum et omnia vanitas

Posted by Jacqueline Chevallier on 31 Mai 2024 in Festival théâtral
Vanitas vanitatum et omnia vanitas

Décidément j'aime bien l'humour des Belges !

Mercredi, Philémon Vanorlé (déjà rien que ce prénom, Philémon, à nous emmener rêver sur le A, ou plus exactement sur le Y) nous racontait l'histoire parfaitement inimaginable d'une rencontre entre deux folies, celle d'un plasticien qui fabrique un cercueil bizarroïde dont il ne sait que faire et celle d'un collectionneur de véhicules utilitaires qui retape un vieux corbillard hors d'usage. Et que cette rencontre se fasse à l'endroit le plus invraisemblable – et le plus prosaïque – qui soit, à savoir sur "Le bon coin", voilà qui relève quasiment du fantastique ! Une histoire pareille, on l'inventerait, on n'y croirait pas !

Vanitas vanitatum et omnia vanitasJ'ai trouvé très drôle l'histoire en elle-même et cette réflexion d'abord sur les sépultures et leur vanité, ensuite sur l'art contemporain, et son inanité souvent : Qu'est-ce qu'une œuvre d'art ? Une œuvre n'est rien si on n'en parle pas, et à l'inverse l'objet le plus trivial devient œuvre d'art dès lors que par le discours on l'érige à ce rang. cf. Duchamp. L'art moderne ne vit que du battage qu'on fait autour des "œuvres". Il est clair que Philémon aimerait bien acquérir la notoriété de Marcel.

Tout est drôle, décalé, subtil dans le propos : déjà pour commencer se présenter en bermuda pour faire une conférence, c'est pour le moins insolite ; rester immobile en silence, quasiment en méditation, au lieu de rechercher tout le temps l'agitation, voilà qui est paradoxal quand précisément on démontre que c'est l'excitation des médias qui fait émerger l'œuvre. Était carrément hilarant l'accouplement improbable du cercueil en Y de Philémon Vanorlé et celui de Madame Récamier imaginé par Magritte, ce qui place l'ensemble du spectacle sous le signe du surréalisme.

Vanitas vanitatum et omnia vanitasLe plus étrange dans ce spectacle, c'est qu'il est impossible de savoir si l'artiste, là devant nous, prend lui-même son discours au sérieux, puisqu'il est précisément en train de nous démontrer la vanité du monde de l'art moderne, qui parle pour ne rien dire alors qu'il faudrait savoir se taire.
À la sortie, j'entends quelqu'un protester : « Ce n'est pas vraiment du théâtre » ou peut-être même « ce n'est vraiment pas du théâtre ! ». Et voilà que "ça", ce à quoi nous venons d'assister, pose une autre question : qu'est-ce que le théâtre ? Le fait que quelqu'un de vivant vienne devant nous, sur une scène, nous raconter une histoire – une histoire qui nous amuse, qui nous émeut, qui nous fait réfléchir, ou tout aussi bien qui nous ennuie à mourir – est-ce que cela suffit à faire du théâtre ? Le théâtre est éminemment divers, ce festival le démontre abondamment, car d'un jour au lendemain on assiste à des spectacles tous très différents et souvent inclassables. En quoi et pourquoi « L'échappée » serait moins (ou tout autant ?) du théâtre que « Shahada », par exemple ? Est-ce que le spectateur n'est pas coparticipant de la construction du spectacle ? N'y met-il pas beaucoup de lui-même ? On me demande : pourquoi l'acteur se promène-t-il autour de la scène avec sa valise à roulette, ça n'a aucun sens ! À quoi je réponds : pourquoi chercher un sens puisque tout cela est absurde ? Ou alors, si le non-sens est trop insupportable, le sens, il faut le chercher en soi-même. Car enfin quel est le sens de la vie ? La vie a-t-elle un autre sens que celui que chacun lui donne ? Et la mort alors ?

Vanitas vanitatum et omnia vanitasSubsidiairement : Sans doute l'artiste n'a-t-il pas connu mai 68 à Paris ; tous les jours de nouvelles affiches de sérigraphie par pochoir sortaient de l'atelier populaire de l'école nationale des beaux-arts. Certains se souviennent de la première, représentant De Gaulle levant les bras au ciel avec cette mention : « La chienlit, c'est lui ! » (https://histoire-image.org/etudes/mai-1968-antigaullisme). Plusieurs mois plus tard, en novembre 70, un autre dessin humoristique a été placardé sur les murs : il représentait un cercueil en forme de Y, avec les employés des pompes funèbres pestant de ne pouvoir le faire passer entre les colonnes du Panthéon et s'écriant : « Il nous aura emmerdés jusqu'au bout ! »

Ainsi , n'en déplaise à Philémon Vanorlé, ce n'est pas lui qui a inventé le cercueil en Y. Il reste à réaliser celui en forme de X où le mort aura les deux bras et les deux jambes écartés. Pour y enfermer l'homme de Vitruve, peut-être ?

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DÉTOURS ET AUTRES DIGRESSIONS

Posted by Marie Louise on 30 Mai 2024 in Festival théâtral
DÉTOURS ET AUTRES DIGRESSIONS

Texte, mise en scène, conception et jeu : Eve Bonfanti et Yves Hunstad

Je ne suis ni écrivain, ni écrivaine, mais j'ai l'audace de bien m'installer pour écrire. Me voici dans mon fauteuil rouge attendant la comète qui déclenchera l'inspiration. Elle est parfois longue à venir. Travail très pénible car les relectures provoquent des angoisses : est-ce que ce mot convient ? Est-ce que cette phrase est bien placée, bien construite, utile, un peu molle, mélo...? Je n'ai plus d'idées...je reprendrai ce soir…etc.

DÉTOURS ET AUTRES DIGRESSIONSPause, je revois Eve Bonfanti et Yves Hunstad hier soir sur le plateau aux prises avec l'inquiétude de la représentation et des imprévus qu’elle génère.
Au début, je me sentais un peu angoissée en voyant les deux comédiens hésiter, s'arrêter, se parler à voir basse, s'interrompre. La lumière était encore dans la salle. Que se passait-il? Avaient-ils des "trous"? Est-ce qu'on allait dans le mur avec eux? Bientôt on nous dirait de rentrer chez nous...

Mais non, c'était "pour de faux". Ah! Quel soulagement ! On pouvait donc rire librement, le faux était du vrai. Le faux était le spectacle que nous venions voir ce soir. Alors peu à peu on s'est envolés avec jubilation dans les méandres de l'imagination à l’œuvre pour la création d’un spectacle, d’un livre, d’une pièce de théâtre… On a joué le jeu, voyagé entre représentation – avec apparition du personnage dans les nuages, ou du chien invisible qui mange du sucre en poudre sur le tapis – et balbutiements de deux comédiens qui répètent ou plutôt qui tentent de répéter. Des comédiens vraiment pas sûrs d'eux, interrompus par le téléphone, qui pour un oui ou pour un non changent de direction, décident de jouer la scène 8 avant la scène 5, qui se trompent de page – Fred le régisseur est affolé –, ou modifient le scénario.
Magnifique voyage sur un fil, allers et retours incessants entre les comédiens et leurs personnages. Quand représentent-ils des personnages, quand se représentent-ils eux-mêmes en train de jouer leurs personnages ?

DÉTOURS ET AUTRES DIGRESSIONSLa traversée par les « détours et digressions » se fait dans et par le rire. Il s'entend aux quatre coins dans toute la salle et s’épanouit pendant plus d’une heure. Amusant, d’ailleurs, d’entendre la variété des rires… du gloussement à l’éclat en passant par l’étouffé. Nous rions librement, sans frein, des comédiens, de leurs erreurs, de leurs (fausses) hésitations de débutants et de leurs maladresses, des jeux de langages, quiproquos, jeux de mots subtils, qui n’ont l’air de rien et qui pourraient passer inaperçus tant ils sont discrets.

Les spectateurs n’ont pas été discrets dans leurs applaudissements, un tonnerre qui n’en finissait pas de rouler, et les rires qui se poursuivaient, les sourires sur les visages qui gardaient encore l’empreinte de la fête en quittant la salle. Heureuse soirée…

 

DÉTOURS ET AUTRES DIGRESSIONS

 

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PUNK.E.S

Posted by Marie Louise on 29 Mai 2024 in Festival théâtral
PUNK.E.S

Texte de Rachel Arditi et Justine Heynemann
Mise en scène de Justine Heynemann
Sur scène : Rachel Arditi, Charlotte Avias, James Borniche, Kim Verschueren, Salomé Diénis-Meulien, Camille Timmerman

J'avais entre 12 et 15 ans quand « Rock around the clock » de Billy Haley a déferlé dans la cour de récré. Passé 30 ans le rock punk des Clashs "Should I stay or should I go" égayaient mes soirées de prof qui corrige ses copies...
PUNK.E.SAlors quand est apparu sur la scène du Festival le groupe des punk .e.s, tout le passé a jailli dans le grincement électrique des guitares, dans les voix des filles qui transperçaient la salle. Cinq filles – dont quatre balancent la musique – et un garçon, pour faire revivre le premier groupe de punk féminin, les SLITS – les fentes – tel qu’il s’est formé en Angleterre en 1976.Il faudrait dire aussi six comédien.ne.s. Car nous étions au théâtre avec des artistes jeunes qui savent tout faire, écrire et dire un texte, jouer d’un instrument, créer un personnage et chanter. Ce fut une soirée pétillante, furieuse, déchaînée, gaie, explosive….
PUNK.E.SSur scène, des échafaudages, on est dans un univers précaire, industriel, pas beau. Les comédiennes en jouent et s’y agrippent, s’y cachent pour surprendre et bondir, elles sont chez elles. Ces filles si jeunes, elles veulent se faire entendre et s’opposent, elles revendiquent une place de rockeuse, de punke, de chanteuse – la vie ne leur fait pas de cadeaux –, elles foncent dans leurs costumes colorés, déguenillés, collants déchirés, petite culotte rouge, robes de voiles, tignasses hirsutes, et on les suit, on adhère, on les aime comme ça. On est entraînés dans leur folie musicienne.

PUNK.E.S


Alors, à Coye-la-forêt, on a offert une ovation aux SLITS – et à Rachel, Charlotte, James, Salomé, Kim et Camille. Tout le monde debout, applaudissements frénétiques. Merci pour l’échappée et l’audace, pour la joie et la liberté, pour la musique. On était à deux doigts de faire valser les fauteuils !

PUNK.E.S

 

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Jeudi 23 mai Butterfly : l’envol

Posted by Benoît D. on 28 Mai 2024 in Festival théâtral
Jeudi 23 mai Butterfly : l’envol

Leslie Menahem nous a donné jeudi 23 mai à Coye-la-Forêt « Butterfly : l’envol », relecture contemporaine de l’opéra de Puccini « Madame Butterfly », créé il y a 120 ans. Elle a retenu une trame résumée de l’opéra, le spectacle passant de deux heures et demie à une heure. Sur scène six excellents artistes sont tour à tour comédiens, musiciens, chanteurs. Tous vêtus de blanc, dans un décor stylisé évoquant les toriis des temples japonais, ils racontent en récitatifs, airs et intermèdes musicaux le destin tragique de cette très jeune japonaise du XIXe siècle, épousée puis abandonnée par un officier américain, ne retrouvant son honneur perdu que dans la mort qu’elle s’inflige. Céline Laly (soprano) chante avec brio Ciocio-San (Madame Papillon) et d’autres mélodies illustrant l’histoire, sa servante Suzuki (Laura Segré) est la narratrice d’un récit non dénué de critique féministe. Les musiciens, clarinettes, violon, basson et contrebasse, accompagnent les parties chantées et créent en continu une pertinente bande-son ponctuant le déroulement de l’intrigue. L’histoire avance vite, la fin arrivant presque trop vite. Là où Puccini cultive l’émotion (c’est le principe de l’opéra) faisant des spectateurs les témoins contemporains de cette triste affaire, « Butterfly : l’envol » joue plutôt sur une certaine distanciation, comme si le temps passé avait érodé la charge émotive de l’histoire pour la sublimer en parabole féministe.

Jeudi 23 mai Butterfly : l’envol


Pour aller plus loin sur l’opéra de Puccini, on peut voir sur YouTube Mia Mandineau, jeune soprano montpelliéraine en pleine ascension de son talent (actuellement étudiante à New-York) et désopilante autrice du blog L’opéra et ses Zouz, qui aurait sans doute apprécié « Butterfly : l’envol ». Elle a résumé à sa manière à deux reprises Madame Butterfly :

3’48’’ 2024 version courte tournée à New-York Chinatown


9’31‘’ 2021 version longue

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LA TROUÉE, road-trip rural

Posted by Marie Louise on 26 Mai 2024 in Festival théâtral
LA TROUÉE, road-trip rural

De et par Cécile Morelle
Mise en scène : Cécile Morelle, Chloé Duong, Edouard Pleurichard
Cie Le Compost

A notre entrée la terre est là, sur le plateau. Un beau tas, d'une terre bien brune. Ce n'est pas un décor, ni un accessoire.
LA TROUÉE, road-trip ruralElle est là pour être empoignée, étreinte, creusée, projetée, pelletée. Elle est le matériau dans lequel on s'enfouira - Cécile, et nous avec elle - pour retourner vers l'enfance, le pays, le coin, la route, le chemin qui ne s'oublie pas. Elle est notre héritage, ce qu'on emporte, ce qu'on garde avec soin ou ce qu'on traîne lourd comme un fardeau. Elle est la glaise dont on a été fabriqué.
Et c'est avec elle qu'on vit pendant une heure et demie de représentation.

Pour l'empoigner il faut de la force, des ressources. Il faut l'énergie et le talent de Cécile Morelle. Car enfin, elle a d'abord enquêté dans les campagnes, les fermes, les plaines de Picardie, elle a parlé aux femmes qui y ont fait ou y font encore leur vie, elle s'est souvenue de sa grand-mère Madeleine, tout entière dans sa tâche d'éleveuse, de fermière, d'agricultrice comme on voudra dire.

LA TROUÉE, road-trip ruralDe ces témoignages de vie, elle a fait le socle de son écriture. Elle s'y appuie pour jouer. Il est suffisamment solide pour maintenir debout ses personnages. Son amie Éloïse dans sa cuisine moderne avec hotte et lambris de pin, Ciara l'Italienne qui étend les couches du bébé au soleil, les chasseurs qui lui crachent au visage, le pépé qui marmonne, pisse et crache, maltraite Madeleine, la grand-mère qui travaille du matin au soir, dans sa blouse toujours la même. Première pour la traite, pour retourner la terre, pour nourrir, porter les seaux, faire des enfants, planter, bêcher....

Oublié, notre centre culturel bien propret. On est avec Cécile sur le plateau plein de terre.
Pas de misérabilisme ni d'apitoiement. Juste une force à l'œuvre. Un entrain, une voix qui transportent. Des surprises aussi, joyeuses et poétiques, comme les lignes de terre sur un tableau blanc qui dessinent la plaine immense de Picardie...

LA TROUÉE, road-trip rural

Exceptionnelle, cette soirée... Je m'en souviendrai.

Il y a des années parfois qui nous font cadeau d'un spectacle, d'un comédien ou d'une comédienne. Ils deviennent les repères dans le long parcours de 43 ans de Festival. Cette Trouée dans la terre de l'enfance en sera un, comme le sont encore pour moi la soirée Buster Keaton, avec Yves Prin au piano, si je me souviens bien, les Cavaliers d’Eric Bouvron, Le Porteur d’histoires d’Alexis Michalik, L’apprentie sage-femme avec l’inoubliable Nathalie Bécu, le Misanthrope (vs Politique) de Claire Guyot… Les autres, je ne les oublierai pas bien sûr.

LA TROUÉE, road-trip rural
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BUTTERFLY (L’ENVOL), de Leslie Menahem

Posted by Ghislaine Antonin-Bockhoff on 24 Mai 2024 in Festival théâtral
BUTTERFLY (L’ENVOL), de Leslie Menahem

Collectif La Boutique

Jeudi 23 mai nous assistons à la représentation de « Butterfly, l’envol », œuvre théâtrale et musicale librement adaptée par Leslie Menahem, de l’opéra de Puccini, BUTTERFLY (L’ENVOL), de Leslie Menahem« Madame Butterfly ». Six interprètes (un quatuor de musiciens – violon, clarinette, basson et contrebasse), une comédienne et une soprano – Cécile Laly) ont une présence magique sur scène et conjuguent avec élégance et subtilité musique et texte.
Une conteuse, Laura Ségré, omniprésente, raconte l’histoire de sa maitresse, une geisha japonaise sacrifiée sur l’autel de l’amour. Mariée à un officier de marine américain, elle est abandonnée, elle et son enfant. Le bel Américain ne revient que des années plus tard chercher l’enfant sans la mère.

BUTTERFLY (L’ENVOL), de Leslie MenahemLa scénographie sobre, élégante est particulièrement réussie : formes blanches de cercles ou d’un branchage stylisé sur le noir du fond de scène, blanc immaculé des costumes traditionnels, pureté des voix, notamment celle de la soprano. Les musiques anciennes et contemporaines se mêlent harmonieusement ou s’entrechoquent, créant une dissonance volontaire. La musique de Puccini alterne harmonieusement avec Gershwin et Barbara.
Le tableau souvent groupé des interprètes au pas léger, en kimonos blancs, contribue à la beauté du spectacle. L’ensemble est d’une esthétique raffinée comme si chacun participait au drame intérieur et à la douleur d'une femme abandonnée, pétrie de dignité.

BUTTERFLY (L’ENVOL), de Leslie Menahem

Cette pièce, une fois encore à travers l’Histoire, illustre la désinvolture et le cynisme de l’Occident qui transgresse les lois et les coutumes ancestrales d’un Orient figé dans ses rites.

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Au Bonheur des vivants

Posted by Marie Louise on 23 Mai 2024 in Festival théâtral
Au Bonheur des vivants

De et par Julien Lubek et Cécile Roussat
Compagnie Les Âmes nocturnes


Être vivant, c'est d'abord savoir que l'on a un corps et qu'il bouge, qu'il se réjouit, s'étire, s'allonge, escalade, s'agrippe, se détend, bondit, se casse... Être mort c'est être sans mouvement, ne plus sentir son corps.
Au Bonheur des vivantsJulien Lubek et Cécile Roussat nous font nous sentir vivants, sentir les mains qui s'envolent, voir les phalanges qui se plient, nos jambes qui s'écartent, l'articulation qui craque, le cou qui se tourne... Leur spectacle est un magnifique hommage au corps, à la vie du corps, à ses capacités inouïes. Il est donc un peu inutile de dire qu'ils sont de merveilleux acrobates. Pas comme l'acrobate gymnaste qui veut la perfection du mouvement académique, mais plutôt celui qui invente le mouvement, même disgracieux, tordu, à l'envers.
Au Bonheur des vivantsAlors ils vont jouer pour nous de leurs corps. Comme les enfants, ils jouent aussi avec les cartons, les tiroirs, les murs ; ils se cachent, disparaissent, créent la surprise en réapparaissant là où on ne les attend pas. « On dirait qu'on pourrait disparaître...on dirait qu'on serait mort, on dirait qu'on serait une vamp qui fume et déambule, ou qu'on aurait un bébé qui, sans transition, hurle et sourit... On dirait qu'on irait sur la Lune... »Tout est jeu, création d'une imagination débridée. Les objets sont de la partie, la plume qui ne veut pas écrire et revient dans l’encrier, le livre qui s’enflamme, le bouton du poste de radio qui devient rouge et brûle quand les nouvelles sont très mauvaises…

Au Bonheur des vivants

Ajouter le rire, car ici rien n'est sérieux, les comédiens nous viennent de Charlot, celui qui danse et fait volte-face, qui court, veste au vent, fait tourbillonner sa canne, offre une fleur ou se cache du gendarme. On n'est pas dans une compétition de gymnastique, on est dans le baroque, dans le délire de l'imagination, de la fantaisie, du loufoque et du joyeux.
Petits et grands, on ressort de là vraiment vivants et contents !

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C’est un peu court, jeune homme !

Posted by Olivier Manceron on 21 Mai 2024 in Tribunes Libres
C’est un peu court, jeune homme !

Ah, les hommes ! Je crois que je n’aime pas les hommes. J’ai de plus en plus de mal à les supporter. Le pire travers que j’ai à leur reprocher, c’est leur manque de goût pour les femmes. Du coup, leurs conversations, leurs beaux discours, leurs livres et leurs films, je n’y arrive plus. Après les récits de leurs exploits sportifs ou de leurs déboires mécaniques, leurs confidences finissent sur les femmes. Enfin, sur leur appétit de la chose. Leur préoccupation première est d’obtenir de moi une connivence normative identitaire. Les « blagues salaces » font acte de fraternité. C’est comme pisser debout. Ah, décidément je n’aime pas les hommes ! Mais me direz-vous, c’est un peu court, jeune homme ! Vous auriez pu dire bien des choses en somme. Amical : si vous aimez les femmes, soyez attentif à ne pas trop leur tirer les tifs. Descriptif : le plus court chemin pour aimer les femmes, commence par la vôtre. Curieux : faire l’amour, se résume-t-il à fourrer votre sexe à l’intérieur de quelqu’un ? Truculent : à ne jouir que de fendre leurs douces rotondités, faut pas vous étonner d’en pourfendre la moitié. Prévenant : prévoyez en les aimant de ne pas leur briser les dents. Pédant : votre éternelle concupiscence connaîtra-t-elle un jour son obsolescence ? Cavalier : préférez le trot quand vous les montez, le galop, elles ont pas l’air d’apprécier. Emphatique : si la foi se mesure à la taille du clocher, vos folles architectures ont l’allure de vos envies de baiser. Dramatique : votre façon d’aimer assassine la moitié de l’humanité. Admiratif : En vous étripant joyeusement au soleil des batailles, vous offrez aux bouchères et aux équarisseuses le spectacle sanglant le plus affriolant ! Lyrique : en manque d’héroïne, surtout féminine, le héros, seul vainqueur d’entre tous les virils, sacrifie sa vie à sa gloire solitaire. Naïf : comment faites-vous pour savoir quel morceau vous préférez dans la femme que vous aimez ? Respectueux : quelle patience infinie vous montrez à supporter jusqu’à quatre de leurs volontés. Campagnard : c’est-y une aubergine ou un concombre qui vous pousse quand elles font rouler leurs melons les jours de giboulée ? Militaire : une femme, ça se prend comme une ville, par la traîtrise ou par le siège. C’est toujours par la force qu’elle finit par céder. Pratique : cela doit être inconfortable, d’être obligé de bander pour avoir un bébé. Ah, Diable ! Mais je suis un homme ! Alors je les sers à moi-même avec assez de verve et permets aussi qu'un autre me les serve.

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La Boîte de Pandore, de Yanowski

Posted by Jacqueline et Marie Louise on 20 Mai 2024 in Festival théâtral
La Boîte de Pandore, de Yanowski

Le Cirque des Mirages
Mise en scène Emmanuel Touchard
Duo Yanowski et Parker

En sortant du cabaret - chansons et impros au piano - ou du meeting - micro à tue-tête et tempête de subversion - ou du cirque - rire, danse et pantomime -, je me suis dit :

Mais quelle chance de vivre ici, à Coye-la-forêt ! Car sans le savoir ni l'avoir voulu, nous avons vécu dangereusement le temps d'une soirée et nous avons survécu, nous sommes sortis indemnes du Centre culturel... Personne ne nous avait prévenus que le spectacle était à risque, ce n'était marqué ni dans le programme ni dans le bulletin municipal.

La Boîte de Pandore, de YanowskiCar enfin, les déclamations subversives et même blasphématoires de Yanowski dans un autre lieu que la salle Claude Domenech auraient pu valoir aux acteurs et spectateurs coups de matraques, attaques au couteau, enfermement.

Donc Vive le Festival de nous avoir permis cela. Le théâtre devient le lieu sacré où la parole est libre et ne peut être coupée. Ce matin j'ai pensé à Cabu, à Wolinski, à Samuel Paty, à Dominique Bernard... Ils n'ont pas eu la chance de vivre dans un théâtre à Coye-la-forêt.

La Boîte de Pandore, de YanowskiPS 1 : Je me permets pourtant un coup. Un coup de chapeau aux deux artistes.
Yanowski est un phénomène, une sorte de pitre géant dont le corps entier vit, vibre et exprime. Nous sommes captifs de sa voix, du moindre de ses mouvements, de ses mimiques, du jeu de sourcils, de ses regards. Sa voix est telle qu'il n'aurait pas besoin du micro. Elle est juste, forte, agréable - on l'a entendue parfois, nue et seule. J'ai failli me lever pour lui dire : Coupez le micro, votre voix se suffit à elle-même, je n'entends pas ce que le micro amplifie, je n’entends que des sons hurlés, et votre texte disparaît.
Je regrette de ne pas l'avoir fait… Fred Cooper en aurait aussitôt appelé à son piano et inventé une fantaisie. Car il sait tout faire, c'est l'as de l'improvisation, des enchaînements, des détournements de chansons, de mélodies du répertoire classique, des reprises de jazz. As du piano, de la percussion et du bruitage vocal, roi de la pantomime, avec sa démarche saccadée et ses yeux qui roulent, parfaite incarnation d’une marionnette de bois, il pourrait jouer Pinocchio. Il sait tout faire, je l’ai déjà dit.

La Boîte de Pandore, de YanowskiPS 2 : Mon amie Jacqueline contrebalance – c’est de circonstance. A elle le dernier mot, le plus beau :
« Ma sœur Françoise aussi s'est plainte du déséquilibre entre musique et voix, l'une écrasant l'autre. Pour ma part, du fait de mon handicap, je suis habituée à ne pas comprendre les paroles (aussi bien chansons que théâtre) de sorte que ça ne m'a pas gênée plus que ça : le jeu du comédien est tellement expressif, les gestes sont précis jusqu'au bout des ongles, les mains volent dans la lumière. Je me régale et quand j'arrive à comprendre de quoi il retourne (la vente aux enchères, Jésus et ses apôtres) le plaisir est à son comble ! Et j'adore la valse finale qui de toute évidence veut rivaliser avec celle de Brel : allez, on ne va pas faire de jaloux et on peut déclarer Égalité ! »
PS 3 : En 2017, le Cirque des Mirages fêtait ses 15 ans. Voir sur Coye29 l’article de Catherine Jarige sur leur représentation à Coye-la-forêt.

La Boîte de Pandore, de Yanowski
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L'Écorce des rêves, de David Nathanson

Posted by Marie Louise on 15 Mai 2024 in Festival théâtral
L'Écorce des rêves, de David Nathanson

Compagnie Les Ailes de Clarence
Avec Camille Demoures et David Nathanson

Avant d'aller au théâtre

Avant d'aller au théâtre vous avez hésité, vous avez ouvert plusieurs fois le dépliant du programme, vous y avez mis vos marques, des croix, des ronds, des gribouillis. En somme vous vous êtes préparés. On ne va pas au théâtre comme ça, à l'improviste, sans réfléchir à ce que l'on verra. On ne saute pas dans l'inconnu. Il paraît que c’est parfois dangereux.

Pour mettre toutes les chances de votre côté, vous avez assisté à la présentation du programme en avril, cela vous a laissé presque un mois pour étudier la question. Mais vous restez longtemps indécis : irai-je voir le concert punk, du théâtre clownesque, un thriller, un road trip rural ? Angoisse assurée quand on est confronté à ce terrible moment du choix… et surtout à la décision ultime, la réservation de votre place en ligne – ça, c’est le bouquet, ou plutôt le pic de l’angoisse.

L'Écorce des rêves, de David Nathanson

Heureusement, Pauline, la bibliothécaire de Coye-la-forêt, a pensé à tout et a invité dans son repaire les Coyens inquiets, pour une conférence au titre rassurant et sérieux : « Qu’est-ce que le théâtre ? » Deux comédiens professionnels, Laetitia Poulalion et David Nathanson, seraient les meilleurs spécialistes pour vous expliquer, avec un tableau à feuilles sur un chevalet de conférence, les différentes phases de l’opération « aller au théâtre ».
Vous avez été parfaitement rassuré en apprenant que votre angoisse était normale. Inutile d’aller chez le psy, David et Laetitia étaient là pour dédramatiser la situation en interprétant devant vous une courte pièce avec les ressorts dramatiques de base : une situation périlleuse, un couple dans une tempête de neige, l’attirance mutuelle, une scène d'amour et des baisers passionnés.
Et tout s'est bien terminé. Mieux que dans Anna Karénine.

Grand succès de la conférence, vous irez donc au 43e Festival théâtral de Coye-la-forêt et entrerez au Centre culturel à partir du 13 mai.
Vous en aurez pour presque trois semaines. Relâche le dimanche, il faut cela.

 

Aller au Festival

Pour aller au festival
Choisir d'abord le jour des enfants
Faire son entrée en douceur, à petits pas derrière eux,
Ne pas s’asseoir à l'avant de peur de gêner les yeux qui seraient derrière vous.
Une fois assis sur le côté, près d'un mur, attendre et regarder
Regarder comme ils sont joyeux en essayant les fauteuils, se relevant, s'asseyant, se retournant vers les copains et riant...
Écouter pépiements, appels, chuchotements, sifflements, cris d'oiseaux, tout ce qu'il est d'usage d'entendre dans cette forêt
Jusqu'à ce que l'obscurité enveloppe tout, les murs, les fauteuils, les enfants et leurs maîtres, leurs parents, et les badauds du village.
Tout sauf un plateau dressé en hauteur, et que l’on regarde, intrigué, dans l'attente du mystère : qui viendra ? qui habitera cette cabane, cette chambre, ce bateau… ?
Écouter le silence qui entre dans la forêt et s’installe...

Mais ne pas croire qu'un mauvais sort a endormi les enfants dans leurs fauteuils
Ils sont plus éveillés que jamais, aux aguets car ils savent que dans ce silence obscur il se passera quelque chose.
Un rêve va commencer. C'est L'Écorce des rêves.

 

L'Écorce des rêves

Commencer le Festival avec les enfants est une belle idée. Ils sont les découvreurs.
Alors il leur faut le meilleur, la beauté, le sens, la joie, la chaleur, le plaisir... On ne peut leur offrir le médiocre.

L'Écorce des rêves, de David NathansonL'Écorce des rêves répond à cette exigence.
Et pourtant rien n'était gagné avec le deuil pour sujet : Louise a huit ans, elle a perdu son père.
Pour l'entourer, un nid douillet s'est construit : la voix d’une maman qui, de loin, rappelle le quotidien, une chambre éclairée par un globe terrestre, un grand lit surélevé par des livres – beau symbole – un piano caché par la couette, et… un père présent pour habiter les rêves.
L'Écorce des rêves, de David NathansonLa nuit devient ainsi le temps et le lieu de toutes les aventures, des découvertes, des complicités, de l'amour. De la Terre à la Lune, avec ce père qui imagine, crée, chante et joue du violoncelle, Louise franchit les frontières, traverse l'océan, bivouaque dans les forêts, et s'envole vers l'astre brillant.
L'Écorce des rêves, de David NathansonEt les spectateurs partent en voyage avec eux... Grâce aux talents des comédiens ils réussissent la traversée. Elle fut belle – quels paysages magnifiques ! – joyeuse, inquiétante parfois à cause des dangers sur la parcours, émouvante. Camille Demoures donne le rythme avec cette petite fille si gaie, curieuse de tout, qui danse et bondit, légère, prête à s’envoler. David Nathanson, on aimerait l’avoir pour père ! Rassurant, fantaisiste, tendre, la voix profonde, une présence. Et musicien – Il chante et s’accompagne à la guitare autour du brasero dans la forêt. Un rêve !

Les enfants l’ont bien écouté, aussi attentifs que la petite Louise.

On avait raison de venir au théâtre.

L'Écorce des rêves, de David Nathanson

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AVIS DE TEMPÊTE

Posted by Olivier Manceron on 25 Avr 2024 in Tribunes Libres
AVIS DE TEMPÊTE

Fermez les yeux sur l’avenir, sauf les aveugles, bien entendu ! Laissez l’obscurité gagner le passé et le voile de l’inconscience se tendre sur le présent. Alors le vent se lève. L’horizon vomit des nuées au ventre de plomb, lourds tels des fers à repasser pour écraser la mer. Alors, elle souffre mille morts. La houle hurle et crache des lames de rasoir luisantes d’acier trempé. De rage, elle s’acharne à scarifier le ciel et à découper les mâchoires noires des grands récifs, dinosaures édentés qui, debout sous les coups, lui dégorgent au visage leurs embruns salés. Le vent bat la mesure d’un chant barbare sur le tambour géant des explosions des vagues contre la jetée. L’ombre a avalé les bateaux du port. Seul le crépitement des gréements, petites dents tremblantes des fantômes, font des castagnettes de terreur immobile dans le noir. Siffle le vent, vocifère la mer, s’esclaffent les rochers. Les vagues se retirent en cataracte de galets et reviennent en gerbes si hautes qu’elles éclairent la nuit blanche d’un stroboscope spectral effrayant. Aboyant à tue-tête pour couvrir les braiements du vent, la rage des éléments déchire la chevelure de vieillarde hystérique de l’écume sur les moindres aspérités du rivage. La Nature a repris le pouvoir et donne l’impression qu’elle ne le lâchera plus. La nuit, le vent et la tempête. Plus rien qu’une immense colère qui semble vouloir laver les souvenirs de toutes les misères. Qu’elle choisisse le calme d’une pluie froide, incessante, méprisante, qui remplit les flaques, les rivières et les rues, qui inonde les caves, les salons et les chambres d’enfants, qu’elle choisisse les submersions implacables, les débordements insalubres, les marécages saumâtres ou les déluges excrémentiels qui accessoirement engloutissent les animaux innocents aux ventres gonflés, l’eau lave. Dans son désir amnésique, elle dilue, délie, délite, détruit. Rien ne lui résiste. Elle engouffre, effondre, efface. Sa gloutonnerie a déjà absorbé tellement de châteaux et de forteresses, ravagé tellement de cités antiques et de civilisations perdues, noyé des camps de la mort et des champs de massacre dans la boue de l’oubli. Elle en a submergé des Atlantides mythiques, des galions chargés d’or et des Titanic mondains perdus corps et biens. L’eau ne garde pas la mémoire de ce qu’elle a baigné, malgré les affirmations charlatanesques de quelques homéo thaumaturges. L’inondation et la tempête ont un but commun : laver le sang, les larmes et les souvenirs, faire disparaître à jamais la cruauté et la stupidité suicidaire de l’humanité.

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La tomate

Posted by Olivier Manceron on 23 Mar 2024 in Tribunes Libres
La tomate

Trop de mauvaise humeur tue l’humeur et lasse le lecteur. Trop de dégoût du monde empêche les rêves des enfants et étouffe les rires des jeunes filles en fleur. Nous n’avons pas le droit de sacrifier l’espoir. Alors il faut regarder derrière dans les souvenirs des printemps vrombissant d’abeilles et des étés en bord de mer quand le sable brûlant réfléchissait les jeux du soleil. Il faut feuilleter en arrière les albums des petits bonheurs, de ces moments d’ennui merveilleux des adolescences du passé. Souvenez-vous des premières gorgées de bière et, roulant entre les doigts, la fraîcheur des petits pois dans la passoire. Tiens, il y a eu cette tomate chaude et tendre. Ma sœur et moi avions décidé du haut de nos dix ans de marcher tout droit jusqu’à la colline là-bas, fascinante pinède bleue enserrée par une longue muraille que nous discernions nettement dans le soleil rose du matin. Elle s’appelait « Les Bois-Murés » et gardait tout son mystère pour nos fantasques esprits enfantins. Nous avions marché tout droit à travers des pierriers déjà chauds, des prairies d’herbes folles jaunies par l’été et des vergers ombragés. Alors que nous longions son potager, un vieil homme nous arrêta de quelques mots chantants pour nous offrir une tomate qu’il cueillit à ses pieds. Nous la gardâmes à la main jusqu’à trouver un trou d’irrigation en bas du mur des Bois-Murés qui nous laissa juste la place de nous faufiler à l’intérieur. Ah ! Cette tomate ! Toute tiède, poivrée et juteuse à nous couler sur le menton. Assis derrière un fourré, inquiets du moindre bruit qui aurait pu évoquer l’arrivée du garde-chasse, nous avons trouvé dans cette tomate le jus de la vie, le sang de la jeunesse et quelque chose comme un petit élixir de bonheur. Nous sommes rentrés soulagés d’avoir vaincu nos petites peurs d’enfants, un peu ivres du chant des cigales, marchant tout droit vers le toit rouge de la maison là-bas, fiers de suivre la boussole des oiseaux qui ne se perdent jamais dans le bleu de la Provence estivale. La vie garde dans nos mémoires des éclats de soleil et de rires qui font oublier les grands petits hommes, ces puissants impuissants qui détruisent la planète et l’humain de l’humanité. Cultivons nos souvenirs tels des graines de joie, des semences de bonheur dans l’espoir que cela repousse un jour, petites pousses vertes entre les pierres et les gravats des guerres.

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Une journée autour des femmes en situation de handicap

Posted by Olivier Manceron on 15 Mar 2024 in Reportages
Une journée autour des femmes en situation de handicap

En cette journée du 8 mars, journée des droits des femmes, les femmes en situation de handicap n'ont pas été oubliées, perdues dans les images médiatiques des liesses féministes et qui plus est cette année dans les apparats de la ratification présidentielle du droit à l'avortement dans la constitution.

A Chantilly, dans l'Oise, les associations FDFA "Femmes pour le dire, femmes pour agir" et l'APAJH Association pour Adultes et Jeunes Handicapés, avaient organisé à la demande de  Madame Claude DULAMON, sous préfète de Senlis, une réunion festive et de réflexion sur le sort des femmes en situation de handicap victimes de violences sexistes et sexuelles.

Les officielles de la région étaient là. Nous avons reçu les présidents des associations Chantal RIALIN pour FDFA et Claude LEBRET pour l'APAJH ainsi que pour la Mairie de Chantilly  la Docteur Dominique DELAHAIGUE, Conseillère municipale, de la ville de Chantilly, Déléguée à la Santé, au Handicap et à la Médiation et animatrice du programme "Handicaps, parlons en " du CCAS de Chantilly. Nous avons aussi reçu Eric WOERTH et sa sœur Florence WOERTH représentants la région.

Une journée autour des femmes en situation de handicapL'émotion était à son comble après pour Adultes et Jeunes Handicapés,  la projection du court métrage “Violences du Silence” qui dépeignait la réalité des quotidiens des femmes murées dans les violences et leur handicap. Il a fallu tout le charme et la poésie des artistes Sophie et Emmanuel SALA du Duo Soma, pour retrouver l'énergie pour continuer notre journée.

Nous avons réuni autour d'une même table ronde des représentantes des divers services impliqués le long des parcours de ces femmes. Nous avons écouté Roukhaya HASSAMBAY, porte-parole de l’association IKAMBERE (regroupant des femmes vulnérables victimes de violences), Amélie LAFON, chargée de mission lutte contre les violences intra familiales au Tribunal Judiciaire de Senlis, Clémentine LEVY, porte-parole de l’association  "SOLIDARITE FEMMES 3919" , Cyril BOILE, directeur de France VICTIMES OISE et Corinne PEREZ-BERGEAUD, adjudante-cheffe (M2PF) Maison de prévention et de protection des familles qui a fait une intervention très remarquée. Une journée autour des femmes en situation de handicapLes associations FDFA et l'APAJH ont pu présenter leur projet de centre d'hébergement d'urgence pour ces femmes en complet désarroi dont la construction est prévue attenante au bâtiment inclusif en cours d'édification dans le Domaine des Trois Châteaux à Coye-La-Forêt.

Madame la sous-préfète Claude DULAMON a conclu cette journée par une intervention puissante et pertinente, cherchant à réunir nos énergies et, malgré les sombres auspices de l'actualité, à redonner de l'espoir. Elle a souhaité le développement des systèmes de soins et de prises en charge des personnes vulnérables à la hauteur de l'enjeu de société qu'ils représentent pour tous et toutes.

 

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Un diptyque exceptionnel

Posted by La rédaction on 04 Mar 2024 in Théâtre, Tous en scène
Un diptyque exceptionnel

Venez voir ou revoir, entendre ou réentendre ces deux textes puissants.
Découvrez comment le dialogue s'établit entre les deux mises en scène, comment elles se percutent, s'entrechoquent et se font écho.

Un diptyque exceptionnel
– Sept femmes se lèvent et prennent la parole pour s'opposer à la marche du monde.
 – Sept femmes se font entendre, par le corps et par la voix, pour dire leur refus d'une société où elles n'ont pas leur place.
 – Sept femmes qui doutent, qui cherchent, qui hésitent, se trompent peut-être, mais ne renoncent pas.

      Écrite en 1997, Stabat Mater Furiosa de Jean-Pierre Siméon, poète et dramaturge français, est une pièce poétique contre la guerre et la violence.
      Écrite en 1970, Mauser de Heiner Müller, dramaturge est-allemand, est une pièce philosophico-politique sur le processus révolutionnaire.
     Dans des registres très différents, ces deux pièces interrogent sur la possibilité d'une opposition dans notre société ; opposition, pour Stabat Mater Furiosa, à la violence systémique du patriarcat qui perpétue sans fin le cycle de la guerre ; opposition, dans Mauser, au déchaînement de la violence révolutionnaire qui s'oppose elle-même à l'oppression d'une société réactionnaire.
      À travers un travail chorégraphique, visuel et choral qui rend hommage respectivement à Pina Bausch et Maguy Marin, nous avons imaginé dans ces deux textes une théâtralité propre. Avec les différentes images que nous construisons, nous proposons au spectateur d'élaborer son propre chemin de sens. 

 

le dimanche 17 mars 2024 à 16 heures puis à 19 heures
au centre culturel de Coye-la-Forêt
21, rue d'Hérivaux

  plein tarif une pièce : 15 € les deux pièces : 20 €
tarif réduit une pièce : 10 € les deux pièces : 13 €

Renseignements et réservations : 03 44 58 71 10 / 06 38 03 11 85
ou à assoc.tousenscene@laposte.net

  Dans l'entre-deux, mise à disposition d'une salle pour un échange autour d'un verre.
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