LES FEMMES SAVANTES
Et à Coye, nous avons été divertis !
La pièce est bien connue, elle fait partie des classiques que tout étudiant a un jour rencontré et dont il a appris quelques tirades. Une intrigue amoureuse, un mariage en vue, les conflits familiaux…et une galerie de portraits de femmes dont Molière raille la pédanterie et le ridicule. Pourtant le spectacle est riche en joyeuses découvertes, dans la veine de la commedia dell’arte, le metteur en scène débusquant dans la comédie la farce et le grotesque.
Première surprise, les comédiens font leur entrée en chantant, puis saluent d’un geste du bras, fier et leste. Ils se présentent d’emblée au public parce que, justement, dans cette mise en scène d’Anthony Magnier, le comédien est au cœur du spectacle. Point d’échappatoire, le spectateur ne voit que lui. Tous les regards se focalisent sur le petit espace éclairé où il se tient. Les déplacements sont réduits et l’attention se concentre donc sur la gestuelle et le texte. Les alexandrins glissent, maîtrisés par une diction claire, et à la fois renouvelés par des silences ou des coupes que l’on n’attendait pas. Si bien que l’on découvre une autre saveur à des scènes que l’on pensait avoir déjà pleinement goûtées. Ah ! la jubilation d’écouter encore le sonnet de Trissotin et les cris de son auditoire qui défaille.
Le jeu est expressif : roulements d’yeux, bouches qui se tordent et grimacent pour le dégoût, ou qui s’ouvrent grand pour la pâmoison, torsions de bustes et de cous, déhanchements ou rigidité. Metteur en scène et comédiens exploitent tous les niveaux de comique. On entend dans les coulisses hennir le cheval de Clitandre empressé de rejoindre Henriette, on rit des soubresauts de Trissotin – le trois fois sot - qui trépigne dans son haut-de-chausses plissé et large comme une jupe.
Le choix des costumes, enfin, contribue à la mise à neuf, au « dépoussiérage ».On pourrait presque parler de simplification dans le sens positif du terme. Comme deux clans s’affrontent, l’artifice et le naturel, il y aura donc deux gammes de couleurs. Aux dites femmes savantes et savants de salon, le noir et les rouges, un maquillage outrancier – fard rouge sur peau poudrée de blanc, lèvres carmin – tandis que le blanc et les couleurs terre disent la simplicité de la jeune Henriette et de son père.
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