C’était la soirée à ne pas manquer. La surprise de l’année pour une cinquantaine de Coyens curieux, amateurs de littérature et de cinéma. La bibliothèque sera bientôt trop petite pour ces nocturnes lancées par Agnès Bouchard ! Ce soir-là, Jean- Raphaël Rondreux, responsable du département vidéo de la Médiathèque départementale présentait un film de 50 minutes dans le cadre du Mois du film documentaire. L’an passé, le public avait déjà beaucoup apprécié le documentaire choisi,
la Démocratie des moi, et la projection de cette année aura été à la hauteur de ce que le public de Coye attendait. LM Formentin, le réalisateur, était présent et s’est prêté à toutes les questions ; et il y en eut de nombreuses, tant le film a provoqué l’étonnement et l’interrogation. Il a tenu à signaler le travail remarquable de la monteuse du documentaire, Anne Bettenfeld, à laquelle le rythme du film doit beaucoup.
Le titre du film, produit en 2008 par Arsenal Productions, est en lui-même déjà mystérieux : John Arthur Geall (la promesse). Le réalisateur nous conduit à la découverte d’un écrivain anglais inconnu, né dans les années 1910, un personnage passionné d’écriture et non de notoriété. « J’écris parce que je ne peux m’en empêcher, je ne désire aucune reconnaissance. » C’est pourquoi celui-ci a enfoui tous ses écrits (lettres à une femme, pièce de théâtre, romans) dans deux malles, laissant à la postérité le soin de les découvrir et d’en faire ce que bon lui semblerait. Le film montre un minutieux travail de recherche, photographies de manuscrits – quelle belle écriture ! - des parents de l’écrivain - père à la fière allure de colonel de l’armée des Indes -, interviews de témoins survivants, un oncle, une femme aimée, de notables de la petite ville anglaise où il est né. La thématique du double sous-tend le film. Où est le songe ? Où est la réalité ? Qui est vrai ? Le personnage public qui trace sa vie et la réussit en Angleterre puis aux Etats-Unis comme conseiller juridique de la Paramount, ou l’être qui a enfoui ses secrets dans une malle et dont la vie a été marquée par un père qui ne l’a pas aimé, une tentative de suicide et la torture de l’écriture ? Et les femmes, laquelle aime-t-il ? Celle avec laquelle il vit ou celle à laquelle il écrit plus de mille lettres ? Pas à pas, le spectateur suit le chemin du réalisateur et découvre les ombres, ce qui, caché, est plus vrai que ce qui est montré. La projection du dernier carton nous incitera à relire « La vie est un songe », de Pedro Calderón de la Barca.
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