"En famille" se marie à Coye
Tournage du 6 juillet
La place de la Mairie est déserte dans la tiédeur du matin, bel espace que protègent des barrières placées avant le Régent et le Yearling. Aucune voiture en stationnement. Monsieur le maire passe pour vérifier le bon ordre des choses. Tout va bien, les lieux sont prêts pour le tournage d’une scène « Mariage » avec la famille Le Kervelec vue la semaine passée dans une course de vélos au Domaine des Trois châteaux. Plusieurs séquences prévues, rue de l’Abreuvoir, puis sur le parvis de l’église, enfin à l’intérieur pour la cérémonie elle-même. La journée y sera consacrée, du matin à la nuit.
Camp de base à l’école du Centre
Le tournage ne commence pas avant 13h, mais les préparatifs sont en train depuis 8h. Coye29 est sur place, sa carte d’accréditation acquise aux Trois châteaux est toujours valable (sic). Serge Szwarcbart, le régisseur général est de belle humeur et surveille la mise en place du matériel. L’école du Centre est réquisitionnée. Dans la cour qui jouxte l’église, les camions se rangent chargés de costumes, de machines, d’accessoires. Lucas Le Maître, régisseur, a installé la collation du matin. Il est tout jeune, bavarde facilement et offre un croissant. Dans le préau de l’école, des loges de rêve attendent les comédiens : l’espace est vaste et lumineux. Tables, miroirs, lampes, portants, rien ne manque. Coiffeuse, maquilleuse, costumière seront à l’aise. La restauration se tiendra dans la seconde cour de l’école, en face le Régent. C’est le catering, dit Franck qui installe les tables et les nappes pour le déjeuner de midi aidé de Julien. Autrement dit, le traiteur ou la cantine. La société La Poêle à film, de Mitry, en est responsable. Où cuisine-t-on ? Dans un camion ! Edi Posedel, le chef cuisinier est à l’œuvre, épluche les concombres pour les 80 personnes qui déjeuneront à midi. « Une entrée, un plat, un dessert, précise-t-il. Et le menu change tous les jours. Aujourd’hui, après les crudités, rôti de veau avec gratin de macaronis et de courgettes. Au dessert, soupe de framboises. » Au passage, Edi donne sa recette!
Préparer l’église
Du côté de l’église, Doriane Boudeville, assistante de décoration, livre les fleurs pour le mariage. Artificielles évidemment, mais elles font de l’effet dans la nef. A côté, les figurants s’habilleront dans la salle de catéchisme. Plusieurs ont déjà tourné pour la série et viennent de Menucourt, près de Cergy. Quand ils sont fin prêts dans leurs habits de cérémonie, ils vont et viennent sur la place, gagnent la fraîcheur de l’église, attendent en bavardant. Capelines, coiffures lissées, robes soyeuses et colorées, costumes noirs pour les hommes. Dans l’église, Maurice Kindel, de l’association Note, surveille l’orgue comme la prunelle de ses yeux. Pendant que les éclairagistes sont à l’accrochage des projecteurs, il offre à coye29 une visite et un historique de l’instrument remis à neuf par les facteurs Fossaert et Tricoteaux, ce dernier étant présenté comme le Stradivarius des facteurs d’orgue. Bon, on est là pour un tournage de film : A Philippe Brindejonc, éclairagiste, de se glisser le long de l’orgue pour placer un projecteur. Pendant ce temps, en bas, Gaël Giraud, perché sur échelle, accroche des toiles devant les vitraux, d’autres techniciens fixent cadres de diffusion et projecteurs. Des parapluies noirs doublés d’argent, savamment percés, s’ouvrent sous les ogives. Malles, câbles, échelles, diables encombrent les allées. Essais d’éclairage, portes ouvertes sur le soleil, il fait vite chaud dans l’église ! Mais tout sera au point quand les mariés franchiront le porche.
L’après-midi, on tourne
A midi, la place et l’église se vident. Restauration ! Comédiens, équipe technique, metteur en scène, assistants… soit 80 convives déjeunent à l’ombre de tentes dans la cour de l’école. On ne s’attarde pas : tout est prêt pour le mariage. Rendez-vous rue de l’Abreuvoir pour le tournage de deux séquences.
La température monte et chacun cherche l’ombre sur le trottoir étroit, laissant le champ libre à la séquence qui se tourne au pied de la bibliothèque, à la dolly sur rails et au cadreur, au machiniste qui pousse, au combo sur le trottoir en face, à Thomas Lipmann le chef de plateau… et à la voiture de la police municipale. Le sujet est simple : un invité du mariage n’a pas eu le temps, pour une raison x, de s’habiller. Il arrête sa voiture et entreprend de changer de pantalon. Au moment où il est en slip, chemise ouverte, le cheveu hirsute, la policière municipale qui patrouillait en voiture dans le secteur l’aperçoit. Halte là ! Outrage aux bonnes mœurs. Papiers ! L’auteur du délit n’obtempère pas, elle le plaque contre le capot de la voiture et le menotte. Cela s’écrit en trois lignes mais ne se tourne pas en trois minutes. On reprend, on recommence. Les comédiens, sans se lasser, ou tout du moins ils ne le montrent pas, répètent le dialogue. Thomas connaît son texte aussi :
« On remet la voiture au départ.
« Silence partout.
« Moteur demandé.
« Vrai silence partout.
« Cadré ?
« C’est bon, Jérôme (ingénieur du son) ?
« OK, 5, 4, 3 , 2, 1, 0
« Action.
Zut ! la portière de la voiture est bloquée par un obstacle.
« Merci. On y retourne. On remet la voiture en place. »
Le parvis de l’église
Quand finalement la policière a eu menotté son bonhomme, que le metteur en scène, l’ingénieur du son, le chef opérateur, le cadreur et le 1° assistant sont satisfaits, l’équipe se propulse place de la Mairie pour les séquences suivantes. Non sans avoir chaleureusement applaudi Nadia, la comédienne -policière qui vient de jouer sa dernière scène. Déménagement. Emménagement devant la poste. Des tentes parapluies sont montées en un clin d’œil, les rails, les caméras, les combos, les roulantes, les perches, les parasols sont là…
C’est au tour des figurants d’entrer en scène. Pascale Paddy, directrice de casting, les a recrutés, elle les conseille. Ils étaient au frais dans l’église, les voici au soleil pour un moment sur le parvis. Ils jouent les amis, les invités, la famille des futurs mariés qui s’égaillent devant le porche. Le ballet est orchestré surtout par le 2° assistant à la mise en scène, Julien Joannel. Lunettes noires, cheveu lisse, souriant, bras écartés, il indique à chacun où se placer. Au premier plan scintille une Triumph rouge enrubannée. La voiture des mariés ! « Répétition, annonce Thomas Lipmann le chef de plateau, tout le monde en place. »
Et voici que sort de l’église par la grand porte, dans un costume blanc, cravate blanche, lunettes noires, mèche désinvolte sur le front, teint hâlé de celui qui revient des Tropiques, sourire éclatant, voici Yvan Le Bolloch’ bras tendus vers… Jeanne Savary (qui interprète Marjorie Le Kervelec)! Ils se congratulent, s’embrassent… Une répétition ne suffit pas, on reprend. Le chef de plateau écarte les bras, rassemble, invite à la concentration. Les invités se mettent en mouvement, Yvan sort de l’église, va vers Jeanne, lui sourit, l’embrasse… On reprend…
Pendant ce temps la future mariée reste à l’ombre sous la tente noire du combo. Elle revoit son texte. Jolie robe blanche de dentelle à l’ancienne, dans les cheveux un bandeau blanc dont les pans tombent sur une épaule. Gracieux. Vous ne la verrez pas dans le reportage. Interdiction de photographier les comédiens !
L’épuisement gagne les reporters de coye29 qui, n’ayant pas l’endurance des professionnels, vont tourner quelques séquence devant un Perrier glacé à la terrasse du Yearling.
En soirée
La cérémonie a enfin commencé dans l’église, surveillée de près pour le bon déroulement du tournage qui va prendre... un certain temps : répétions, premiers essais, séquences diverses... Coye29 ne verra pas le prêtre officier ni n’entendra le consentement des mariés. Pour le savoir, rendez-vous lors de la diffusion espérée pour un « prime », disait le régisseur général, Serge Szwarcbart.
Au dehors, le ballet des techniciens et autres responsables se poursuit. La porte de l’église est fermée. Parfois elle s’ouvre pour laisser sortir des techniciens, des acteurs, peut-être des figurants qui n’ont pas à paraître dans la prochaine séquence. Certains se restaurent sur un coin de table. Il est déjà 22 heures. Tous sont encore en plein travail quand un voisin, un habitant de la place de la Mairie, vient se renseigner pour savoir quand il pourra rapprocher sa voiture et la garer près de chez lui. Il se rend compte assez vite que ce n’est pas pour tout de suite !
Coye29 plie bagage peu avant 23 heures. Manifestement, il reste encore pas mal de travail pour toutes les équipes du tournage. La nuit n’est pas finie. Quelle énergie ! Chapeau, les intermittents du spectacle ! Merci à vous d’avoir permis aux reporters de vous suivre au cœur de votre travail. Ils ont été impressionnés par l’activité quasi incessante des uns et des autres, réglée de façon si précise que tout s’est passé sans heurt dans un calme impressionnant, ce qui ne veut pas dire sans pression.
Le lendemain matin, la place est sans vie. Le chapiteau est démonté, les saltimbanques sont ailleurs…
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1 commentaire
Commentaire de: darondeau Visiteur
L’article montre bien les moyens techniques et humains importants et l’organisation mis en oeuvre pour un tournage de film.