Là-bas, de l’autre côté de l’eau, de Pierre-Olivier Scotto
Avec le regard complice de Xavier Lemaire
Mise en scène de Xavier Lemaire
Cela pourrait être un cours d’histoire sur Algérie entre 1956 et 1962, mais ça ne l’est pas, c’est un parcours d’histoire, conduit par Pierre-Olivier Scotto et Xavier Lemaire, un parcours de l’histoire des gens qui vivaient là dans ces années sombres, pendant ce que l’on a appelé longtemps les « événements d’Algérie » pour ne pas prononcer le mot « guerre ».
La pièce est construite par petites touches, dira Xavier Lemaire lors de la rencontre avec le public, presque comme un tableau impressionniste. Dans une succession de trente-quatre scènes, le public visite des personnages et des groupes très divers les uns des autres, mais liés par la guerre et reliés par une appartenance familiale, des sentiments, des émotions, des rapports de domination, de sujétion, de rivalité ou des affrontements. Il ne faut pas moins de douze comédiens dirigés par l’énergie et la passion de Xavier Lemaire pour composer ce tableau ; ardents et justes, ils assurent plusieurs rôles, passent d’une scène à l’autre, d’un lieu à l’autre, avec une vivacité qui étourdit, d’un enterrement à un repas dans la cour, de la plage à une cache du FLN, d’un bar de Montrouge à une cave où l’on torture…
Non loin d’Alger, au centre de l’histoire, une famille de pieds noirs est installée là depuis plusieurs générations. Marthe, la « patronne », après la mort de son mari, a pris les commandes de l’huilerie Sergenti, elle y règne en maîtresse femme dans un tourbillon de vivacité et de passion — Bravo à Isabelle Andréani. Le repas rassemble dans la cour toute la tribu qu’elle dirige, enfants, ouvriers, serviteurs… Et le récit peut commencer, celui de France, la fille de la maison, celui des ouvriers gagnés à la cause du FLN, celui du soldat envoyé de la métropole pour une « mission de pacification », celui de Mokhtar amoureux de France, qui se bat pour l’indépendance, celui de Roger, un voisin pied noir… Les fils se croisent autour de Marthe et d’une histoire d’amour impossible entre sa fille et un arabe…
Xavier Lemaire aime composer des tableaux avec ses personnages dans un décor qui se prête à tout : bord de plage pour les amoureux, estrade pour le chanteur du Déserteur, quai du port d’Alger… Les deux scènes qui encadrent la pièce sont visuellement très réussies, en France l’enterrement et sa forêt de parapluies noirs, à Alger sur le quai où s’alignent ceux qui regardent « de l’autre côté de l’eau ». Nous nous rappellerons avec émotion l’image du final : les douze comédiens côte à côte, le drapeau algérien tenu à bout de bras par les uns, le drapeau français qui flotte jusqu’au sol devant les valises de ceux qui s’exilent…
Le salut des comédiens déclencha une ovation du public et de très nombreux rappels. Il était d’autant plus émouvant que ce soir-là la troupe donnait sa dernière représentation de la pièce.
Xavier Lemaire est déjà venu à Coye-la-forêt pour le Festival de 2012, nous nous souvenons encore de L’Échange de Claudel : Isabelle Andréani était à ses côtés, ainsi que Grégori Baquet et Gaëlle Billot-Danno.
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LIEN VERS LA GALERIE PHOTO : Là-bas, de l’autre côté de l’eau, de Pierre-Olivier Scotto
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On peut voir la pièce filmée pendant une représentation. Elle est diffusée sur Culture-box. Voici le chemin :
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Où l’on trouve cette pièce qui est principe pourra être vue jusqu’au 15 décembre.