Catégories: "Tribunes Libres"
On doute de tout, Madame. On doute de tout. Enfin pourtant, depuis le temps qu’on doute, on aurait pu se faire une opinion. Eh bien, non ! On doute. On doute du temps, celui qu’il fait, celui qui reste, du temps avant la fin du monde, avant le dernier train pour Paris, avant qu’on n’ait plus le temps pour arrêter la montre... On doute, Monsieur. On doute. Par exemple, c’est l’heure d’hiver : est-ce qu’on rajoute ou on enlève cette fichue heure du creux de la nuit, qui d’ailleurs ne sert à personne sauf à la fièvre des amants, éperdus de gourmandise, ou aux biberons abusifs des nuits blanches des parents. On doute des mots, on doute des phrases. On ne sait plus à quel héros se vouer, se vendre, se fusionner le mental, pour enfin croire à quelque chose, croire en lui, croire à ses valeurs, à ses regards fiers sur le monde. « Papa, où t’es ? »
Il y a eu des échéances électorales. La vie civique n’était alors que débats de journalistes et d’hommes politiques avisés. On y retrouvait toute la palette de l’art rhétorique, de la conversation de salon au duel tauromachique de l’arène du second tour. Puis il y a eu les manifestations de masse avec des gens dans la rue, des cris et des slogans hurlés dans la haine partagée. Dans un brouillard lacrymal irritant, des gens jaune fluo se faisaient cibles de prédilection pour les viseurs des policiers. Puis il y a eu le « Grand Débat » avec son lot de têtes blanches, de tables et de tréteaux, mobilisant les derniers croyants dans la magie de l’agora et dans la puissance de la palabre. Puis il y a eu les grands discours présidentiels, les conférences de presse, les promesses de communications et la communication des promesses. Puis il y a eu les vacances. Et puis, ça recommence. Pour la rentrée on prévoit des débats sur la retraite, sur les salaires et sur les impôts.
Le mois d’août s’étire langoureux sur les plages des vacances. Le mistral s’est arrêté de souffler sur les brasiers du Sud et la pluie a fini par tomber sur l’argile craquelée des plaines du Nord. Notre vieille France somnole encore. Ailleurs le monde s’étripe et s’égosille. Les puissants patriarches sont impuissants à calmer leurs impérieux désirs d’en découdre. Un nouveau partage du monde a déjà commencé. Chez nous, on ne veut pas penser que c’est bientôt la rentrée. On goûte les derniers fruits si délicieusement défendus d’un passé peut-être déjà révolu. Et pendant ce temps-là, les femmes meurent. Les assassins n’ont pas pris de vacances. Le 6 juillet dernier, place de la République, Muriel Robin demandait à la foule, rassemblée autour d’elle contre les violences conjugales, de hurler la révolte des femmes.
Est-ce que les mots ont un sens ? Depuis plusieurs jours, un certain nombre de places d'un des parkings de la gare (côté Coye) sont neutralisées par des barrières métalliques : des pancartes accrochées au grillage annoncent des opérations d'élagage.
définitions du mot élagage :
- coupe de certaines branches d'un arbre pour en orienter ou limiter le développement (Wikipédia)
- action consistant à dépouiller un arbre des branches superflues sur une certaine hauteur (Petit Robert)
- opération qui consiste à couper certaines branches d'un arbre (Larousse)
Tout le monde sait ce qu'élagage veut dire et on ne s'en inquiète pas outre mesure.
Il y a urgence ! Les communautarismes se raidissent. Les gens ont peur. Le Vendredi, dans « les quartiers » et leurs rues adjacentes, des hommes en djellabas harcèlent les jeunes femmes en jupe. Le sectarisme remplace la piété. Les lieux de culte sont devenus des indicateurs identitaires. La peur s’infiltre. Les âmes s’imbibent de colère. La France se dépêche de profiter de ce qui pourrait être une de ses dernières vacances. Les jeunes hommes circulent en bandes et se regardent de travers. Les informations sont alarmantes. La météo transforme le beau temps en canicule et la pluie en tornade. Les continents sont des chaudrons brûlants. Les grandes puissances ne cessent de se grandir en montrant leurs ergots et en gonflant leur jabot.
Voici les beaux et chauds jours d’été qui se profilent, les insectes et les fleurs profitent de la fin du printemps pour se gorger de pollen pour les uns et se montrer sous leurs plus beaux atours pour les autres .
Pour ceux qui l’ignoreraient encore, comme je l’ai ignoré pendant un bon moment, j’adresse quelques photos réjouissantes : une abeille ou un bourdon se roulant à l’intérieur d’un coquelicot mais surtout 2 petites miniatures à la robe assez discrète mais munies d’un signal orangé sur le dos. Ce sont des larves de coccinelles et depuis que j’ai découvert leur aspect, je fais très attention à ne pas trop les déranger, en ce moment j’en vois beaucoup et j’espère qu’elles deviendront de belles coccinelles. Derrière les futures coccinelles, un pied de phacélie, très appréciée des butineurs.
Bel été à tous
Au cours d'une réunion récente de la toute nouvelle association Coye en transition, quelle ne fut pas ma stupéfaction d'apprendre que la piste du champ de courses de Chantilly était depuis plusieurs années une PSF, une piste en sable fibré. Je n'imaginais même pas que ça puisse exister. J'en suis restée atterrée. Plusieurs vidéos sur internet nous expliquent de quoi il s'agit et comment ce produit miraculeux a sauvé la filière équestre et les courses de Chantilly.
L'amiante aussi, c'était super ! Elle présentait des qualités exceptionnelles – résistance au feu, faible conductivité thermique, acoustique et électrique, pouvoir absorbant, grande élasticité et résistance mécanique, possibilité d'être filée et tissée, j'en passe – qui en faisait un matériau magique, notamment dans l'industrie de l'électroménager et le BTP.
Bien que suspectée d'être toxique dès le début du XIXe siècle (en 1906, un rapport est rédigé concernant la surmortalité des ouvriers d'une usine utilisant de l'amiante dans le Calvados, et à partir de 1918 aux États-Unis, les compagnies d'assurance décident de ne plus assurer les travailleurs de l'amiante), bien que clairement reconnue comme pathogène (en 1945, l'asbestose – variété de fibrose liée à l'amiante – est reconnue comme maladie du travail en France et en 1949, le port de masque devient obligatoire pour les professionnels exposés à l'amiante), malgré le scandale de Jussieu en 1975 et le classement en 1976 de toutes les variétés d'amiante dans les "cancérigènes avérés" par le Centre international de la recherche sur le cancer, malgré le nombre de victimes qui augmente sans cesse, malgré les dénonciations, les plaintes, les procès, ce n'est qu'à partir du 1er janvier 1997 que la fabrication, l'importation et la mise en vente de produits contenant de l'amiante sont interdites en France.