Projet « cœur de ville » : ce qui nous attend
Retour sur la réunion publique
Pour comprendre le sens de la réunion publique du 8 octobre, organisée par le maire de Coye-la-forêt qui souhaitait communiquer avec ses concitoyens sur ses projets d’aménagement du centre ville, un petit retour en arrière ne sera pas inutile.
Historique
On serait en droit de penser que M. François Deshayes, avait, dès son élection, un projet en tête pour le centre ville, puisque le 20 juin 2014 il a demandé au Conseil municipal de voter l’adhésion de la commune à la SAO, Société d’aménagement de l’Oise, moyennant une cotisation de 2 500 € — créée par le Conseil départemental, la société a pour vocation de « mener des opérations d'aménagement et d'équipement publics pour le compte des collectivités. » A cette date pourtant, rien n’est encore dit sur des aménagements du centre ville qui pourraient être différents de ceux de M. Philippe Vernier, son prédécesseur. M. François Deshayes avait pourtant justifié ce jour-là l’adhésion à la SAO, en avançant « qu’il pourrait être utile d’avoir des conseils pour l’aménagement du centre ville et de mener une réflexion sur la supérette, par exemple. » Voir le compte rendu sur notre blog
Au Conseil municipal suivant, le 26 septembre 2014, M. Yves Dulmet, maire-adjoint en charge de l’urbanisme, annonce l’intention de la municipalité de : « Confier à la SAO les études préalables à la définition de son projet « cœur de ville » et l’évolution des locaux scolaires de la commune. » Coût des études annoncé : 108 600 € TTC. C’est à cette date que l’appellation « cœur de ville » fait son entrée dans le vocabulaire municipal. Malgré les interventions des conseillers municipaux de l’opposition de gauche, arguant de la précipitation de la décision pour émettre un vote défavorable, le projet de financer une telle étude est adopté.
Enfin, le Conseil municipal du 26 mars 2015 vote l’acquisition d’un terrain d’environ 7 000 m2 situé Impasse aux cerfs, « susceptible d’y accueillir les projets de la commune », au prix de 950 000 €.
QUEL RÉSULTAT DE L’ÉTUDE PLUS D’UN AN APRÈS ?
Une synthèse de diagnostic de 26 pages présentée par la sao et les deux cabinets d’études qui ont travaillé sur le projet : Cap Terre et Protourisme, consultable sur le site de la mairie. La réunion publique du jour a pour objectif d’en présenter le contenu et de répondre aux questions des habitants.
Pour cette occasion, la salle Claude Domenech du Centre culturel est aux trois quarts remplie, ce n’est pas l’affluence des grands jours. Les Coyens sont moins passionnés par le sujet qu’en mars 2009 lors de la présentation du PLU ( Voir notre compte rendu ). Dommage !
Monsieur le maire présente le sujet.
Il y a un an, dit-il, la municipalité a souhaité réfléchir sur deux points :
- Comment redynamiser le centre ville : il faudra des espaces.
- La présence de deux groupes scolaires. Faut-il les regrouper en un seul lieu pour libérer une superficie dans le centre, y installer par exemple un hôtel, un restaurant, des commerces ? Rien n’est arrêté pour l’instant. La municipalité a lancé l’idée et travaillé avec les bureaux d’études. Elle y a associé deux ateliers de 15 personnes, habitants de Coye-la-forêt, pilotés par la SAO et auxquels les élus n’ont pas participé. L’un concernait l’aménagement du centre ville, l’autre la question des écoles. Ce soir, se tient la première réunion publique, il y en aura d’autres. Le diagnostic sera présenté ainsi que des débuts de pistes. Rien n’est décidé. Début 2016, l’étude sera terminée, et nous verrons. Peut-être ne ferons-nous rien. Le but de cette réunion est donc d’exposer notre réflexion et de recueillir vos impressions. Sachez déjà que l’atelier qui s’est occupé des écoles a été quasiment unanime pour en souhaiter le regroupement.
Xavier Huet, directeur général de la SAO
Nous avons travaillé sur deux axes :
- avec le cabinet Cap Terre, sur l’offre commerciale en centre ville
- avec le cabinet Protourisme sur les potentialités touristiques tout en menant une réflexion sur les bâtiments scolaires qui ont besoin de travaux de modernisation. Le regroupement des écoles permettrait de libérer un espace pour une vocation commerciale et touristique, ces deux projets peuvent donc se nourrir l’un l’autre.
L’aménagement urbain
Un représentant de Cap Terre en expose les grandes lignes. Des écrans permettent au public de visualiser les schémas.
Le « cœur de bourg », nous dit-on, a des potentialités. Sa restructuration permettrait de « tisser du lien » entre un espace minéral et un espace paysage : d’une part la place de la mairie, d’autre part, à l’arrière, l’étang et la forêt. La place du centre ville, explique le spécialiste, est actuellement un espace dominé par les voitures, nous avons compté 32 places de stationnement dispersées sur les contours de la place sur laquelle le piéton n’a pas sa place, si l’on peut dire. Il y a donc conflit entre piétons et véhicules. Il faudrait réorganiser le stationnement. Par ailleurs, le jardin du presbytère est rendu inaccessible par la place de l’école. Les deux cours de l’école pourraient être affectées à un usage public, en relation avec les espaces naturels, comme un marché en plein air, des terrasses bien exposées. Ne pas oublier, ajoute-t-il, que le cœur de bourg est un « lieu de sociabilité », il est aussi l’image du village.
Quel usage faire du bâtiment de l’école ? Sa « requalification » donnerait une nouvelle image du centre. Un permis de construire a aussi été déposé sur une parcelle du presbytère. Il faudra voir quel sera le meilleur usage pour cet espace.
Parenthèse lexicale
Sans mettre en cause le travail des spécialistes des cabinets d’études, on peut sourire du vocabulaire politiquement correct qui use de l’euphémisme avec brio. Ainsi l’école du Centre, au lieu d’être transplantée, délocalisée, désertée, vidée, abandonnée, répudiée, serait « requalifiée ». Le terme est joli, fait espérer une évolution positive, un progrès. Quand on re-commence, on essaie de faire mieux, non ? Donc améliorer l’école, y faire des aménagements pour la rendre plus confortable. Pas du tout. Pour re-qualifier l’école, on ne fera plus d’école. On fera un restaurant, une crèmerie, une poissonnerie, que sais-je encore…
Parenthèse historique
Le cabinet Cap Terre a trouvé bien dommage que l’école au centre de la place rende inaccessible le jardin du presbytère, et il a imaginé que la place de la mairie pourrait s’ouvrir agréablement vers l’étang et la forêt si l’école était « requalifiée ».
Il ne sait pas, le cabinet Cap Terre, que cette jonction aurait pu être faite depuis 2009, si le Conseil municipal avait alors décidé de se porter acquéreur du presbytère quand celui-ci fut mis en vente par l’évêché. (voir notre article à ce sujet)
Commerce et tourisme
Le bureau d’études Protourisme remarque un tissu commercial assez positif à Coye-la-forêt : un petit pôle commercial qui fonctionne, un projet de supérette intégré dans l’aménagement du cœur de bourg. Mais des difficultés de stationnement et une impression d’abandon due aux traces laissées par plusieurs fermetures de commerces.
Le contexte touristique : Un territoire attractif pour y développer le tourisme vert ou la filière équestre. Mais à Coye, peu d’événements marquants peuvent justifier l’implantation d’un hôtel, d’autant que l’offre hôtelière est importante dans la région (environ 2 000 chambres dans un rayon de 15 kilomètres.) Peut-être étudier un « segment hôtelier de milieu de gamme ». Potentialités pour une clientèle d’affaires qui vient pour la journée et ne nécessite pas d’hébergement. L’offre de restauration est actuellement limitée. Un seul restaurant ouvert midi et soir, mais qui n’est pas au cœur du bourg.
Mais un potentiel pour le commerce existe : une petite supérette sous enseigne avec des prix compétitifs. Ne pas la considérer comme un commerce isolé, y adjoindre trois ou quatre autres commerces, de même qu’un restaurant de bonne qualité. Pour l’hébergement, penser au concept de l’auberge : un restaurant et une dizaine de chambres, suffisantes pour la clientèle d’affaires et le tourisme.
Parenthèse commerciale
Le diasgnostic suggère l’implantation de trois ou quatre nouveaux commerces. Que ne se sont-ils déjà installés là où justement les observateurs ont remarqué la présence de commerces abandonnés qui n’ont pas trouvé repreneurs ? En outre, comment parier la redynamisation du centre ville sur l’installation d’une « bonne » auberge ?
Il y a déjà trois restaurants à Coye. L’Amadeus a mis la clé sous la porte et est resté invendu pendant des années, l’Atalante n’avait plus les moyens de survivre à Coye, l’Auberge des Etangs, en mauvaise posture, a été remplacée par une agence immobilière. Et là, une « bonne » auberge ferait miracle. Comment recruter un « bon » aubergiste ?
LA QUESTION DES ÉCOLES
- A. Remise en état et modernisation des locaux existants
Tout commence par la liste des travaux à prévoir pour la remise en état et la modernisation des écoles. Et par des chiffres impressionnants : 3 182 000 € HT pour l’école des Bruyères, 975 000 € HT pour l’école du centre, incluant la location de préfabriqués. Soit un total de 4 157 000 € HT. Aucun chiffrage détaillé des travaux. Aucune étude sur leur étalement possible. Simplement, le maire insiste pour que le public mémorise bien ce montant. Pour le comparer à ce qui viendra ensuite.
- B. Différents scenarii d’aménagements pour le regroupement des écoles
Les chiffres donnés par les bureaux d’études défilent sur écran, lus et commentés par un responsable. Nul besoin de les reprendre ici, consulter plutôt les documents du SAO sur le site de la mairie. On peut juste dire que la « requalification » de l’école du Centre coûterait entre 4 394 000 € et 7 814 250 €, selon que l’on rénove ou que l’on construise du neuf.
Si l’on considère le chiffre le plus bas, c’est 237 000 € de plus que le montant des travaux recensés sur les deux groupes scolaires.
- C. 7 300 m2 disponibles impasse aux Cerfs
L’un des scenarii signale la possibilité de construire une école maternelle sur cet emplacement. Pourquoi pas toutes les écoles ? Cela n’est pas dit. L’éventuelle construction d’une école élémentaire se situerait vers les Bruyères.
M.François Deshayes reprend la parole sur le sujet : Cet emplacement est intéressant à cause de sa proximité avec le restaurant scolaire et le périscolaire. « Quand nous l’avons acheté, nous n’avions pas encore de projet, c’était juste une réserve foncière. » Permettez-nous d’en douter, Monsieur le Maire. Le sujet avait été débattu au conseil du 19 février 2015 et il avait été dit que le terrain serait « une opportunité pour regrouper les écoles ». Alors que l’étude de la SAO bat son plein, on ne voit pas comment un maire et son Conseil municipal ne feraient pas le lien entre de futurs aménagements et un terrain de belle surface disponible près du centre.
INTERVENTION DU PUBLIC
Ces travaux très longs envisagés dans certains des schémas (entre 18 et 28 mois) seront pénibles pour les enfants et les enseignants. Que fera-t-on des terrains libérés ?
On peut limiter les nuisances, en travaillant sur les périodes de vacances, par exemple. Quant aux terrains ils pourront être revendus. (Sur les schémas, c’est ce qui est appelé « revalorisation »).
Maurice Delaigue, fier de ses ans, s’avance sur le plateau et ne craint pas de prendre la parole, s’amusant lui-même de son audace :
« Je suis considéré comme un historien de Coye, dit-il. Avec mon ami Jacquet nous avons travaillé des années sur le passé de notre village et de ses environs. Je suis également un des fondateurs de La Sylve et, en tant que tel, je suis intervenu pour la défense du patrimoine, notamment pour empêcher l’installation d’un gravitaire autour des étangs de Comelles, pour limiter les hauteurs d’immeubles dans la construction d’un programme immobilier en centre ville et pour éviter la présence d’une guinguette à l’entrée du village. Notre association est reconnue pour être chargée de la protection du patrimoine. C’est pourquoi elle aurait dû être consultée si l’on veut transplanter l’école. Vous avez dit, Monsieur le maire, que dans l’atelier qui a travaillé sur les écoles, tous les participants étaient d’accord sur le transfert de l’école. Mais quand je parle dans le village je rencontre des personnes que cela ne satisfait pas du tout. Vous parlez du cœur de ville, mais le cœur souffrira si vous enlevez l’école. Si vous enlevez l’école, il y aura quoi ? La supérette, pourquoi ne pas la rapprocher du marché, fléchissant, et faire un pôle commercial ?
Les Coyens ont le bonheur d’habiter Coye, on me dit que j’ai de la chance de vivre ici... C’est ce que j’ai écrit dans mon dernier livre, « Coye de fil en aiguille ». Le tourisme, il existe déjà vers les étangs, le château de la Reine blanche. Mon ami en a fait un lieu très joli, avec une crêperie, un concert le vendredi soir… Près de Coye il y a la Thève, cette merveilleuse petite rivière qui coule sous un vieux pont. Il y a un terrain à côté, on pourrait y faire des aménagements… »
Maurice est tellement lyrique quand il s’agit de Coye qu’il a des difficultés à s’arrêter de parler de ce qu’il aime. Le maire le remercie courtoisement pour la pertinence de son avis. Il souligne une seconde fois qu’il a été très surpris de constater que les personnes qui utilisent l’école, enseignants et parents d’élèves, sont d’accord à 95% pour son transfert.
« Je suis étonnée, Monsieur le Maire, que vous n’ayez pas évoqué ce projet dans votre campagne électorale. Le sujet nous est tombé dessus brutalement. Vous avez parlé d’ateliers qui ont été consultés sur ces projets. On ignore complètement comment ces ateliers ont été constitués. Il y a quand même un problème quant à la consultation des Coyens. Votre projet pour le cœur de ville pose comme préalable : à condition d’en chasser les enfants. Or, les enfants sont au cœur de la ville. Quand je suis arrivée à Coye la première fois, j’ai été séduite par cette place emblématique de ce qu’est un village de France, par la présence de l’école justement. C’est dommage qu’on la vide des enfants. »
Rien n’est décidé, nous en sommes au stade des pistes, des scenarii possibles. Le but est d’avoir des avis. En campagne électorale, c’est vrai que le sujet n’a pas été abordé. Mais mes collègues de l’opposition ne paraissaient pas opposés au regroupement des écoles.
Quant à l’école, j’y suis moi-même très attaché. Il est hors de question de raser l’école, car ce bâtiment a une âme, un style. Il s’agit seulement de remplacer la fonction du bâtiment. Déplacer l’école est la seule solution pour redynamiser le centre.
La composition des ateliers : J’ai tenu à éviter les « copains ». Je l’ai voulu variée, avec des parents, des enseignants, des gens de tous bords politiques.
Le seul moyen juste pour composer ces ateliers aurait été de tirer au sort parmi des volontaires.
Effectivement.
Parenthèse sur une incohérence: La contradiction saute aux oreilles entre « Rien n’est décidé » et « Déplacer l’école est la seule solution ». Tout est décidé au contraire, si l’on a déjà trouvé la solution. En page 5 du diagnostic, le sous-titre est ainsi rédigé : « Premières pistes programmatiques de réflexion en vue de redynamiser le cœur de bourg (préalable : déplacement de l’école). »
A moins que M. Deshayes décide de ne rien dynamiser du tout. Soyons honnête, il l’a envisagé, en conseil municipal et en introduction ici même devant le public coyen.
Quel est le coût total des projets si l’on inclut la TVA ?
La TVA, on en récupère une partie. Les prix devront être réactualisés au moment voulu. Il faudra des ressources. Mais il n’est pas question que l’on sorte 8 millions d’euros. Il faudra peut-être vendre des terrains.
Je suis une ancienne institutrice de Coye-la-forêt, et je pense que nous avons la chance de vivre dans un petit village avec deux petites écoles sympathiques. Pourquoi vouloir créer une grosse unité ?
Pour répondre à ce qui a été dit par monsieur le maire, les élus de gauche avaient effectivement, il y a un certain temps, évoqué le regroupement des écoles, mais sans en étudier une possible réalisation. C’est pourquoi, comme tout le monde, j’ai été surpris par ce projet brusquement sorti d’un chapeau. Le reproche essentiel que je ferais est que, dans l’étude, aucune approche n’a été faite sans le regroupement des écoles.
Les commerces, il y en a déjà, pourtant beaucoup de Coyens ne vont pas faire leurs courses à Coye. Il n’est pas certain que si d’autres commerces s’implantent ils auront de la clientèle. Par ailleurs, la vie dans le centre, ce sont les enfants qui la donnent, les adultes qui les accompagnent. Priver le centre du village de la présence des enfants et de leurs familles est une grossière erreur.
Réponse du bureau d’études : En ce qui concerne le commerce, les mentalités changent, l’heure n’est plus aux très grandes surfaces, les clients se tournent maintenant vers de moyennes surfaces qui ont des prix compétitifs. Les supérettes de moins de 300 m2 ont vu leurs chiffres d’affaires augmenter entre 2009 et 2013.
Il y avait un projet de logements intermédiaires près de l’église, avec justement une ouverture vers l’étang. Que devient-il ? Nous avons un beau marché couvert dont la fréquentation va s’amenuisant. Que fait-on pour que ce marché fonctionne avec des commerçants plus nombreux ? C’est une peau de chagrin maintenant.
Et la poste ?
La poste ne doit pas disparaître. C’est un bâtiment municipal. Mais elle utilise maintenant à peine la moitié de sa surface. On pourrait en employer une partie, peut-être pour la bibliothèque. Ou la mettre ailleurs.
Le marché, il fonctionne bien le samedi. L’utiliser pour une activité complémentaire ? Cela avait été envisagé à l’époque de sa construction, mais les commerçants veulent que leurs installations soient fixes, sinon certains ne reviendraient pas.
En ce qui concerne le projet de logements près du presbytère, il est en attente suite à une plainte déposée par un riverain devant le tribunal administratif. La commune a perdu et a fait appel. L’affaire est donc en cours de procédure.
La SAO a intégré ce périmètre dans la rénovation du centre, si le projet de logements ne se faisait pas.
Parenthèse judiciaire : A propos du presbytère, il a été dit plus haut que la municipalité en 2009 n’avait pas souhaité s’en porter acquéreur quand il a été mis en vente par l’évêché, au grand regret de nombreux Coyens attachés à ce bâtiment pourvu d’un grand jardin, qui fut d’ailleurs autrefois la propriété de la commune avant d’être celle de l’évêché. Ironie de l’histoire, c’est l’acquéreur du presbytère qui ensuite a déposé plainte contre la municipalité et qui bloque la construction des logements prévus par Oise Habitat. Se reporter au Conseil municipal du 20 juin 2014, rubrique questions diverses : Après que le Tribunal administratif a refusé à Oise Habitat le permis de construire pour 14 logements, la commune et Oise Habitat ont saisi la Cour administrative d’Appel de Douai.
Les enfants font partie du cœur de la ville, il ne faut pas l’oublier.
A propos de commerce, je remarque le succès des boutiques bio, car aujourd’hui les gens réclament une part d’authenticité. Autrefois j’allais chercher mon lait à la ferme et j’ai regretté qu’elle disparaisse. Ce serait bien si aujourd’hui des cultivateurs proposaient leurs produits.
Les produits bios font partie du projet de la supérette.
Et la concurrence ?
Il ne faudrait pas que les commerces avoisinants perdent ce qu’ils ont. L’épicerie Dadie ne risque-t-elle pas d’être mise en grande difficulté par l’installation d’une supérette ?
La concurrence a des limites et des vertus. Autrefois il y avait deux boucheries, deux boulangeries et elles marchaient bien toutes les deux.
La supérette de 300m2 n’aura ni boucherie ni boulangerie. J’ai un contact sérieux avec quelqu’un qui envisage de prendre la supérette, elle serait trop petite pour y faire une boucherie.
M. Yves Dulmet ajoute : Après étude du potentiel, il apparaît que les Coyens ne dépensent que 6% à Coye. Il suffirait qu’ils dépensent le double pour que ce soit rentable. Par ailleurs, on sera obligé de faire des appels d’offres pour la supérette.
Ndlr : Doit-on comprendre que le gérant de Dadie ne sera pas prioritaire pour la gérance de la supérette ? On peut se demander comment il vivra la situation si un commerce concurrent s’installe en face de lui, avec des prix plus bas ?
Vous avez parlé des travaux à faire dans les écoles et de leur coût très important. N’y aurait-il pas eu des choses à faire avant au lieu d’en arriver là ?
Nous avons fait beaucoup ailleurs, nous avions d’autres choix de priorités : le marché, le périscolaire, la nouvelle halle des sports…
Je suis incapable de vous dire ce que l’on fera, il faut réfléchir. Rien n’est décidé.
Sur le site de la mairie, vous trouverez tous les documents de cette étude de la SAO et vous pourrez y mettre vos observations. Une version papier est aussi disponible en mairie pour consultation.
Avant de décider de la suite, il faudrait attendre les résultats du contentieux avec le propriétaire du presbytère sur les logements prévus par Oise Habitat.
Vous avez raison, Oise Habitat a acheté le terrain 580 000 € et déposé un permis de construire qui a été invalidé par le tribunal administratif. La commune ayant fait appel de cette décision, il faut attendre.
Pourquoi ne pas inclure des commerces au rez-de-chaussée ?
Ce n’est pas rentable pour Oise Habitat.
L’implantation de la supérette est une affaire qui dure depuis 2011, mais depuis deux mois je dis que le projet avance et je pense aboutir.
Le prochain Conseil municipal du 13 novembre traitera de la question. Les commissions se sont réunies et ont déterminé le périmètre de la supérette. Elles proposeront au Conseil la surface des 44 et 46 Grande rue en ajoutant 55m2 de la cour de l’école, soit un empiètement de 2,5m sur la cour. Les arbres seront gardés. La surface totale sera de 320 m2. Avec le PLU, un commerce ne peut plus être transformé en logement, donc la commune aura moins besoin de rester propriétaire et pourra vendre le rez-de-chaussée ainsi que l’étage. Cela sera utile car nous aurons besoin de trésorerie. Un appel d’offres sera lancé pour trouver un opérateur de travaux. Tout devrait être terminé fin 2016, début 2017.
Quant au Vestiaire de Sofie il sera installé dans un local neuf, au Sauteur.
Ndlr : Certains regretteront l’animation créée par le vestiaire en centre ville.
En conclusion… réflexions…
Silence des partisans
Après le commentaire détaillé du diagnostic par les spécialistes, les interventions du public ont animé la soirée. Mais, curieusement, ne se sont exprimés que des habitants défavorables au projet. Aucune personne dans le public ne s’est manifestée pour dire que oui, ce serait bien, utile, intéressant, opportun, pratique, original, judicieux ou pertinent de se débarrasser de l’école du Centre. Silence total. Absence complète d’argumentation sur le sujet essentiel.
Le seul argument entendu a été celui du maire : si l’on veut redynamiser le centre — c’est-à-dire y mettre une bonne auberge et des commerces, un parking, une terrasse… — enlevons l’école. Pour redynamiser, évitons que 150 enfants traversent la place quatre fois par jour.
De la dynamique
Coye village mort, Coye village dortoir ? Sans doute. À certaines heures il faut chercher pour trouver dans les rues quelqu’un à qui dire bonjour. Comment en serait-il autrement dans un village de 4 000 habitants, dont la plupart ne travaillent pas sur place ? Un village que ceux qui sont devenus des Coyens ont choisi d’habiter justement pour sa tranquillité.
Mais pourquoi ne parler que de la dynamique du commerce ? Il y a à Coye depuis des dizaines années une dynamique de la vie associative, de la culture, du sport : quarante associations, un prochain 50° salon de peinture, un prochain 35°festival de théâtre, un festival d’orgues qui va fêter ses 10 ans, conférences, concerts, kermesses, randonnées, sports… Une bibliothèque. Un Centre culturel avec une salle de spectacle unique dans l’Aire cantilienne. Et deux écoles ! Et c’est pour cette dynamique, qui n’est pas marchande, que l’on vient vivre à Coye, pour son cadre de vie, celui d’un village sans prétention, avec une place qui regroupe poste, mairie, église, école, bibliothèque, café, brasserie, un centre tout proche de la forêt, de la rivière, des étangs et des jardins…
C’est pour les deux petites écoles aussi que l’on choisit de vivre à Coye, où les enfants se sentent presque en famille dans une petite unité, où les adultes sont plus proches d’eux, les connaissent tous, et où les liens avec les autres enfants sont facilités.
Aménager, réhabiliter, redynamiser, requalifier
Le 24 janvier 2014, trois mois avant l’installation du nouveau Conseil municipal, la désignation d’un assistant à maître d’ouvrage avait été votée pour « la transformation des 44 et 46 Grande rue en surface commerciale et appartements ». La Société SPMC de Lamorlaye avait même été choisie après appel d’offres. Les Coyens en étaient restés là, le centre ville serait « réhabilité », comme le maire le disait alors, une supérette installée grande rue.
En juin, l’assistant à maître d’ouvrage est oublié, le nouveau maire cherche des conseils pour « aménager » le centre ville. En septembre, un nouveau projet sort d’un chapeau, le cœur de ville. A grands frais une étude est commandée. On n’aménage plus, on ne réhabilite plus, on redynamise et on requalifie.
Quand le choix est un leurre
Le diagnostic est fait. L’étude sera finalisée en janvier.
Le maire fait ce qu’il peut pendant la soirée pour rassurer les inquiets — curieusement plus on vous rassure, plus cela inquiète. Rien n’est décidé, aucun projet n’est arrêté, a-t-il répété plusieurs fois, comme s’il s’agissait de choisir entre plusieurs projets. Mais il n’y a qu’un seul projet ! Aucun choix. Les bureaux d’études ont travaillé avec un préambule : plus d’école dans le centre. Aucune autre option. Pour amuser, on propose différents scénarios sur les écoles, qui jouent uniquement sur les coûts. La remise en état des deux groupes scolaires n’est jamais citée comme un possible scénario.
Les finances communales
En septembre, il y eut à Paris une importante manifestation des maires de France mécontents de la diminution de la dotation de l’état. A Coye-la-forêt, le conseil municipal a plusieurs fois déploré la situation et a imposé, entre autres, une diminution de 5% des subventions aux associations. Le débat d’orientation budgétaire en février 2015, pour l’acquisition de plusieurs terrains, annonce un emprunt de 1 685 000 € sur 25 ans. Est-ce le moment opportun pour lancer une opération d’un montant minimal de 4 394 000 € ?
Et l’âme dans tout ça ?
Pas question, dit le maire, de raser l’école, un bâtiment qui a une âme. D’où vient l’âme de l’école ? Pas de la pierre. De ce qui s’y vit. Des enfants, des enseignants, des parents, des nourrices, des passants, dont une partie de la journée gravite autour de ce bâtiment. On n’y fait pas de commerce. Simplement on y apprend, on y grandit. Si l’on poursuit la métaphore religieuse, une église vidée de ceux qui y prient, transformée en salle de concert ou d’exposition, comme c’est le cas de l’église Saint-Pierre à Senlis, n’est plus une église. C’est un monument. Une école devenue restaurant, une école vidée des enfants ne sera plus jamais une école.
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4 commentaires
Commentaire de: Maurice Delaigue Visiteur
Commentaire de: Yann Visiteur
Personnellement, ce qui me sidère c’est le coût de l’étude (pour un si piètre résultat).
Des étudiants en première année d’une école de commerce auraient pu en produire une meilleure pour 20% de la valeur annoncée.
Je trouve particulièrement irréalistes économiquement parlant, les solutions “commerciales” proposées.
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Visiteur
C’est désolant.
Mais si ce n’était que désolant, eh bien tant pis pour nous, âmes sensibles et passéistes, nous nous désolerions dans notre coin et laisserions agir les hommes modernes et dynamiques.
Mais le problème, c’est que c’est délirant. Voilà des gens en charge du bien public et qui prennent leurs rêves pour la réalité.
Des restaurants, des commerces , il y en avait, ils ont fermé.
Un marché, couvert, équipé, avec un parking, il y en a un, les Coyens n’y viennent pas.
Des écoles, il y en a, deux, c’est une richesse pour le village et une chance pour les enfants (et leurs enseignants).
On parle de redynamiser le cœur de ville mais on en chasse ce qu’on y trouve de plus dynamique.
On ferme ce qui fonctionne (l’école, le vestiaire de Sofie) et on se retrouve avec un grand bâtiment vide dont on ne sait que faire.
C’est pour moi une chose incompréhensible : notre village est attractif, sa population ne cesse d’augmenter malgré les limites étroites qui sont imposées par le PLU, les associations nombreuses et variées y attirent beaucoup de personnes étrangères à la commune, il est à taille humaine et il fait bon y vivre, il conserve un caractère rural, tranquille et pour tout dire charmant… les commerces, eux, ne cessent de disparaître, c’est fâcheux, mais aucun grand projet de réaménagement ou de rénovation (en réalité de destruction du cœur de la ville) ne changera ce processus, au contraire ça ne fera que l’accélérer.
Je m’inscris en faux contre l’idée qu’il y aurait besoin de “redynamiser” le coeur de ville.
Coye-la-Forêt est un village très vivant et très dynamique, car il n’y a pas que le commerce pour faire vivre une collectivité. Loin de là ! Je connais des gens à Lamorlaye qui nous envient et qui disent que chez eux “c’est mort". Ce ne sont pourtant pas les commerces qui manquent à Lamorlaye !
Au lieu de dépenser plus de 100 000 € dans une étude de “faisabilité” (quand on ne sait même pas ce qui doit être fait, comment peut-on dire si ce sera faisable ?), au lieu de cela on aurait dû commencer par interroger les Coyens sur ce dont ils ont envie : leur demander ce qui leur plaît dans la ville où ils ont choisi de vivre et comment ils ont envie de la voir évoluer.
Commentaire de: Marie Louise Membre
Oui, on ne voit pas pourquoi brusquement la supérette doit avoir plus de 300 m2, si ce n’est pour répondre à l’exigence d’un repreneur. La chaîne G20?
Ce qui me paraît très important c’est de ne pas mettre en faillite l’épicerie qui existe aujourd’hui. L’associer au projet et ne pas causer sa ruine.
Par ailleurs monsieur le maire a répété plusieurs fois que toutes les personnes qu’il interroge sont favorables à l’abandon de l’école du centre, les enseignants, les parents d’élèves, les commerçants. C’est curieux, car je rencontre aussi des personnes qui y sont tout à fait défavorables.
La réussite d’un commerce est très aléatoire, elle dépend surtout du commerçant. Si l’on regarde Orry la ville, le centre ville n’a rien d’harmonieux : L’église d’un côté entourée d’une petite placette où stationnent des voitures. En face, la mairie. Plus loin une grande et belle place… pour les voitures, l’école et un café. Il est malaisé d’y circuler aussi bien à pied qu’en voiture. Et pourtant les commerces sont apparemment florissants.
A Coye, nous avons une place centrale qui regroupe tout, école, mairie, église, café, presse, brasserie. On peut y flâner tranquillement, acheter son journal, prendre un café, déjeuner à la brasserie, prendre un thé l’après-midi, descendre vers la Thève. Car la promenade est à deux pas. Si l’on s’en donne les moyens, on peut aussi ouvrir le passage le long de l’église, qui mène à l’étang. La mairie gagnera peut-être le procès que lui a intenté le propriétaire du presbytère et des logements pourront y être construits, accessibles aux personnes âgées. Donc, une certaine vie en plus.
Au nom de quoi mettre tout cela en l’air? Cette place est si harmonieusement agencée qu’elle a, grâce cela, été choisie pour un tournage de film. Ce sont les propos exacts du réalisateur. On ne trouve aucun autre exemple alentour. Le centre de Lamorlaye n’a aucun intérêt. Pontarmé et La Chapelle sont traversés par la nationale. Coye est un exemple assez unique.
Ce qui est grave, c’est que le bouleversement proposé aura quelque chose de définitif. Coye la forêt perdra l’aspect agréable qu’il a maintenant et que tout le monde aime. Ce sera irréparable.
Ce qui est grave, c’est que l’étude qui a été commandée et qui a coûté plus de 100 000 euros fait de l’abandon de l’école un préalable. Aucune autre suggestion n’est proposée.
(J’ai également mis ce que j’écris sur le site de la mairie, voir blog de la SAO)
La lecture du compte rendu de la réunion du 8 octobre consacré à l’examen du projet “cœur de ville” me conduit à faire quelques remarques complémentaires.
D’abord, je me pose la question : la maire de Coye-la-forêt désire-t-il vraiment l’abandon de l’école? Quand on est né à Coye et qu’on a fréquenté l’école du Centre dans sa jeunesse, il y a un attachement sentimental très fort qui ne s’oublie pas, ou alors on trahit son propre passé, ce qui m’étonnerait. Alors, qui aurait eu cette idée extravagante et coûteuse?
A l’époque de la Fronde, le cardinal de Retz écrivait : “En politique, il y a plus à craindre de ses amis que de ses ennemis.”
De toute façon, au cours de la réunion du 8 octobre, ce chevalier servant de la destruction du coeur de ville est resté bien sagement à sa place, sans rien dire, alors que les critiques pleuvaient!
En ce qui me concerne, je suis prêt à rencontrer en débat public tout représentant favorable à l’expulsion de l’école du centre ville, et ce, dans le meilleur esprit pour l’avenir de nos enfants.