Catégories: "Tribunes Libres"
Nous sortions du ministère de la santé et des solidarités, l’esprit troublé par une journée de discours somnifères sur la situation inclusive des personnes en situation de handicap et les barrières exclusives, tant numériques que verbeuses, contre lesquelles elles butent. Désespérant ressac des solitudes sur les récifs orgueilleux de la société des valides. Dehors un frais crachin d’hiver vernissait à peine le trottoir. En bas du perron, nous nous mélangeons les labradors noirs avec une charmante jeune femme blonde qui poussait sa poussette à bébé.
Les labradors aidant, la conversation s’écoule, bienveillante. Nous trouvant affables, elle nous accorde le récit d’une bonne part de sa vie. Elle vient d’accoucher du beau mastard rose qui dort dans la poussette de luxe qui doit bien valoir le prix d’une voiture d’occasion, certes pas la Porsche qu’il aura pour son bac à vingt ans, mais bon.
Pour vivre au singulier en pensant au pluriel
Contre le consensus les consignes et les découpages horaires
Et pour la liberté de ne pas faire de choix
Je suis de gauche
Pour les anciennes luttes et les luttes à venir
Pour faire de la résistance
Et pour donner face à l’enfant qui rêve toujours tort à l’adulte
Je suis de gauche
Pour les silencieux les oubliés ceux qui ont raté tous les trains
Contre la bonne conscience
Les chefs qui ne doutent jamais
Pour le droit de dire non
Je suis de gauche
Ça y est ! Chacun est parti en campagne.
Il fut une époque où je ne sais quelle lessive lavait "plus blanc que blanc" ; désormais tous les candidats sont "plus verts que verts". Il est grand temps ! On ne peut que se féliciter de cette évolution des mentalités et espérer que les promesses, bien qu'insuffisantes, seront suivies d'effet.
Et donc, plus vert que vert, chaque candidat se doit de reprendre à qui mieux mieux des mesures qui désormais, heureusement, sont évidentes pour une majorité de gens et qui de toutes façons, tôt ou tard, s'imposeront par la loi (introduction de la nourriture locale et bio dans les cantines scolaires, traitement des biodéchets, etc.) ; et de faire des promesses unanimement consensuelles, en tout cas sur le papier, comme par exemple planter des arbres. On ne peut que se réjouir si, désormais, au lieu d'abattre des arbres on décide d'en planter.
Mes chères amies, mes doux compagnons, gens de qualité et de pondération, je vous aime, mais… vous commencez à m’agacer singulièrement. Je respecte vos prises de position réfléchies. Je bénis vos atermoiements savants qui ont permis de ravaler les colères et de contrôler les violences. Mais ça ne suffira pas ! Le monde se craquelle sous les coups de boutoir des économies ravageuses du capitalisme ultralibéral. La planète brûle et je commence à ne plus pouvoir supporter les colibris. Vous vous souvenez de la métaphore élégante du sage Pierre Rabhi qui raconte que, un incendie dévorant la savane, les animaux réunis contemplent le désastre et s’étonnent des incessants allers-retours d’un colibri .
Qui croit encore au Père Noël ? La période est aux récriminations rageuses. On nous trompe ! On nous ment ! Leurs explications fumeuses ou leurs véhémentes abjurations ne confirment que leur trahison. Après avoir installé l’injustice fiscale, avoir bafoué le droit du travail et renié la protection de l’emploi, après avoir ruiné une éducation nationale de qualité, après avoir appauvrit la santé publique, la police et la justice, après avoir fait tirer dans les yeux des gens pour mater la misère, après avoir loué publiquement les valeurs démocratiques pour, dans les faits, les mépriser, les pères Noël qui nous gouvernent ne passent plus dans nos cheminées.
Putain, ce n’est pas possible d’entendre ça ! Toujours « Putain ! », à chaque fois qu’on se tape sur le doigt, qu’on ouvre une facture des Impôts, ou que le train vous démarre sous le nez.
Ah non ! Putain : ça ne va pas. Il n’y a pas de raison qu’on clame sa colère ou son énervement en invoquant la femme prostituée ! Comment ça marche dans nos têtes pour que le besoin de parler de la prostitution arrive à ces moments-là. D’autant que de la prostitution d’habitude on n’en parle jamais. Sauf, sauf qu’en fait, avec « Putain », on en parle tout le temps.
« Putain ! Ah non, Putain ! Mais qu’est-ce que tu fais ?... Arrête, Putain ! Aurélie ! Y-a des bagnoles dans ce parking ! Putain ! Je t’ai dit de ne pas lâcher le caddy ! Putain ! Tu ne la vois pas, la voiture ! Tu cours partout, quand je te dis de rester tranquille. Mais, Aurélie, t’es qu’une... Putain ! Aurélie, t’obéis ! Aurélie ! Putain ! Viens ici ! »
Allez chercher pourquoi cette année, l’automne me fait plaisir. J’y trouve un parfum de rentrée des classes, un regain de rencontres nouvelles et de combats nouveaux. Cette année, la pluie ne me gêne pas. Et si les premiers froids s’attaquent au bout de mon nez, ils ont déjà su tapisser les sous-bois des feuilles dorées au chant métallique que soulèvent nos songeries bucoliques. Un vent nouveau se lève, ne sentez-vous pas ? Dans le monde, des révoltes grondent. Des gens prennent la rue par ici et déjà, par-là, certains prennent les armes. Ils meurent pour leurs droits. Les pouvoirs vacillent. Les grands de ce monde s’interrogent et même certains se fâchent, contraints qu’ils sont de démasquer leurs cruautés abominables au grand jour médiatique.